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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 19.1879

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Ephrussi, Charles: Les dessins d'Albert Dürer, 8
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LES DESSINS D’ALBERT D0RER.

59

Ce voyage, raconté par Durer-lui -même *, présente un intérêt tout
particulier pour l’étude de ses dessins. La seule année passée en Flandre
(juillet 1520 à juillet 1521) nous fournit autant de matériaux que plu-
sieurs des années les plus fécondes de notre maître. On peut parta-
ger ces dessins en deux séries : les uns au fusain ou à l’encre de Chine,
de format in-A° sur fond blanc ou sur papier préparé d’un ton gris vio-
lacé, sont, pour la plupart, autant de portraits demandés à Durer par
des admirateurs de son génie; les autres, à la pointe d’argent, de
moindre dimension, sur papier préparé de ton légèrement jaunâtre à
forme oblongue, faisaient partie d’un carnet de voyage que Durer rap-
porta à Nuremberg, et dont les feuilles précieuses, après sa mort, ont été
dispersées un peu partout. On n’en connaît guère aujourd’hui qu’une
douzaine environ. Les œuvres de ces deux séries doivent être comptées
parmi les morceaux les plus remarquables du maître.

Durer quitte Nuremberg le jeudi après la saint Kilian (L2 juillet),
pour se rendre à Anvers où il croyait avec raison trouver, en même
temps qu’une hospitalité facile, des acheteurs pour ses œuvres, des
sujets d’étude nouveaux et variés, et la société de maîtres renommés.
La réputation de la cité flamande était solidement établie, tant par l’il-
lustration des artistes qui l’habitaient que par la richesse de ses monu-
ments et l’abondance des chefs-d’œuvre qui les décoraient. Anvers était
à l’apogée de sa prospérité commerciale : on y faisait, disait-on, plus
de négoce en une semaine qu’à Venise en une année. Les armateurs et
les marchands employaient volontiers une partie de leurs faciles béné-
fices à la satisfaction de leurs goûts artistiques : « A Anvers, dit notre
maître, on n’épargne point les frais pour les choses d’art, car l’argent
ne manque pas. »

Les principales étapes, de Nuremberg à Anvers, furent : Bamberg où
Durer offre à l’évêque George 111 une peinture de Marie, la Vie de la
Vierge, une Apocalypse et des gravures sur cuivre « valant un florin » ;
il reçut en échange un précieux laisser-passer de douane et quelques
lettres de recommandation; Francfort, où Jacob Heller, pour qui il avait
fait le célèbre tableau d’autel2, lui présente le vin d’honneur; Mayence,

Le manuscrit de Durer a été perdu; le Journal de voyage dans les Pays-Bas
a été publié d’après la copie du peintre Hauer, d’abord en 1779 par Murr dans le
septième volume de son Journal, puis plus complètement en \ 820 par Campe dans
ses Reliquien. Charles Narrey en a donné une traduction dans la Gazette des Beaux-
Arts, t. XIX et XX, lre période.

2. V. notre étude sur le Tableau d'autel de Heller (Gazette des Beaux-Arts,
2e période, t. XIII, p. 529-552).
 
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