DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Ephrussi, Charles: Les dessins d'Albert Dürer, 8
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.22839#0092
LES DESSINS D'ALBERT DURER.
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d’avoir été assez mal payé par tout le monde ï « J’ai, aux Pays-Bas,
dans toutes mes affaires, achats, ventes et autres transactions, éprouvé
des dommages, en tous mes rapports avec les hautes et basses classes ;
et particulièrement avec Madame Marguerite qui ne m’a rien donné pour
tout ce que je lui ai fait ou offert. »
Toutefois, le conseil d’Anvers, désirant, en dehors du concours des
artistes nationaux, s’attacher spécialement le grand maître de Nurem-
berg, lui avait fait des propositions réellement libérales, comme en
témoignent ces quelques lignes d’une lettre adressée en 152A, par Durer,
au Conseil de sa ville natale : « Il y a peu de temps, lors de mon séjour
dans les Pays-Bas, le conseil d’Anvers m’a offert trois cents florins de
Philippe d’appointements annuels, avec l’exemption de tous frais et le
don d’une maison bien bâtie. Et en outre tout ce que j’aurais fait pour
« les seigneurs» m’eût été payé en dehors. J’ai refusé tout cela par un
effet de cet amour particulier que j’ai pour vos honorées Sagesses et
aussi pour cette digne ville, ma patrie, et j’ai mieux aimé vivre modes-
tement auprès de vous que grand seigneur et riche ailleurs. » Certes, si
Ton compare cette vie toujours préoccupée de questions d’argent avec
l’existence fastueuse et brillante des maîtres italiens, le sort d’un
Raphaël et d’un Titien paraît plus enviable que la pénible aisance de
Durer. Mais qu’importait au maître de Nuremberg? Qu’importe à la
postérité? Son voyage en Flandre, s’il fut pauvre d’avantages pécu-
niaires, fut en revanche fécond en résultats artistiques. Durer s’est
retrempé dans cette patrie de l’art; il y ranima son inspiration, et
désormais toutes ses œuvres, sans rien perdre de leur caractère original,
porteront la forte empreinte de ce commerce d’un an avec les grands
peintres flamands.
CHARLES EPHRUSSI.
(La fin prochainement.J
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d’avoir été assez mal payé par tout le monde ï « J’ai, aux Pays-Bas,
dans toutes mes affaires, achats, ventes et autres transactions, éprouvé
des dommages, en tous mes rapports avec les hautes et basses classes ;
et particulièrement avec Madame Marguerite qui ne m’a rien donné pour
tout ce que je lui ai fait ou offert. »
Toutefois, le conseil d’Anvers, désirant, en dehors du concours des
artistes nationaux, s’attacher spécialement le grand maître de Nurem-
berg, lui avait fait des propositions réellement libérales, comme en
témoignent ces quelques lignes d’une lettre adressée en 152A, par Durer,
au Conseil de sa ville natale : « Il y a peu de temps, lors de mon séjour
dans les Pays-Bas, le conseil d’Anvers m’a offert trois cents florins de
Philippe d’appointements annuels, avec l’exemption de tous frais et le
don d’une maison bien bâtie. Et en outre tout ce que j’aurais fait pour
« les seigneurs» m’eût été payé en dehors. J’ai refusé tout cela par un
effet de cet amour particulier que j’ai pour vos honorées Sagesses et
aussi pour cette digne ville, ma patrie, et j’ai mieux aimé vivre modes-
tement auprès de vous que grand seigneur et riche ailleurs. » Certes, si
Ton compare cette vie toujours préoccupée de questions d’argent avec
l’existence fastueuse et brillante des maîtres italiens, le sort d’un
Raphaël et d’un Titien paraît plus enviable que la pénible aisance de
Durer. Mais qu’importait au maître de Nuremberg? Qu’importe à la
postérité? Son voyage en Flandre, s’il fut pauvre d’avantages pécu-
niaires, fut en revanche fécond en résultats artistiques. Durer s’est
retrempé dans cette patrie de l’art; il y ranima son inspiration, et
désormais toutes ses œuvres, sans rien perdre de leur caractère original,
porteront la forte empreinte de ce commerce d’un an avec les grands
peintres flamands.
CHARLES EPHRUSSI.
(La fin prochainement.J