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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 19.1879

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Nr. 3
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Ephrussi, Charles: Les dessins d'Albert Dürer, 9
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https://doi.org/10.11588/diglit.22839#0268

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256

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

promena comme toujours son imagination capricieuse à travers des
sujets de toute espèce , dont beaucoup sont empruntés au Nouveau
Testament. D’abord un Crucifiement conçu avec cette simplicité qui
lui est ordinaire lorsqu’il traite ce sujet classique. Le Christ est d’une
expression toute particulière ; au lieu de la résignation et de la miséri-
corde que les maîtres et Durer même lui donnent ordinairement dans
cette suprême agonie, les traits du Christ respirent un sentiment de
sombre douleur qui n’a point encore pardonné. A sa droite, la Vierge
debout, en prière, tout enveloppée dans de belles draperies, porte sur
son visage amaigri les marques de poignantes souffrances. La tête de
saint Jean, placé à gauche, est d’un caractère indécis. A la plume sur
papier blanc, 1521 et le monogramme (Albertine).

Puis une Mise au tombeau d’une noble composition : la Vierge sou-
lève de ses deux mains la tête et le bras gauche du Christ; elle se
penche, dans un mouvement d’une tendresse ineffable, sur les restes
sacrés, pour contempler une fois encore les traits défigurés par la dou-
leur et par la mort. A gauche, une sainte femme joint les mains en
regardant Jésus; à droite, saint Joseph d’Arimathie tient le vase aux
épices; à côté de lui saint Jean, dont la charmante figure est marquée
d’un profond sentiment de douceur mélancolique. Le corps du Christ
est d’une grande beauté, bien que l’attitude soit un peu contournée et
cl’un réalisme trop accusé. Pointe d’argent sur papier blanc préparé;
1522 et le monogramme (Musée de Brême). Enfin une belle étude d’un
Christ fustigé nu à mi corps, assis; les mains croisées tiennent le fouet
et les verges ; ici encore la victime ne se résigne point ; les yeux regardent
à droite et semblent menacer les bourreaux; les cheveux épars flottent
au gré du vent. Le corps long aux chairs un peu pendantes, fidèlement
étudié sur le modèle vivant, manque de noblesse; les bras surtout
déplaisent par une longueur démesurée. A la pointe d’argent sur papier
préparé, à fond verdâtre, avec des traces de rehauts blancs; 1522 et le
monogramme (Musée de Brême).

En 152A Dürer traite pour la dernière fois un autre de ses sujets
favoris, Y Adoration des mages. A l’entrée d’une rustique demeure la
Vierge assise, chargée d’un lourd manteau, porte sur ses genoux l’en-
fant emmailloté; saint Joseph est debout à côté d’elle, le chapeau à la
main; l’un des rois mages est agenouillé devant la sainte Famille, dans
un mouvement de naïve admiration; l’autre, d’une haute stature, aux
traits nobles, magnifiquement vêtu, offre de la main droite un riche
vidrecome, tandis que la gauche tient par le bras le troisième mage dont
les traits accusent nettement la race noire, et l’invite à s’approcher. Com-
 
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