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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
1A82 à la citadelle de Tivoli ; il y est, en effet, question d’un « Julianus
de Florentia, rnurator ». Mais cette mention ne saurait s’appliquer à notre
maître, car ce Julianus de Florentia mourut vers la même époque1, tandis
que Giuliano da San Gallo vécut jusqu’en 1516.
Mais revenons à Paul II et àla tribune de Saint-Pierre. Giuliano avait
pour collègue, comme nous l’avons dit, un de ses compatriotes, Meo del
Caprino. Ce nom, à coup sûr, n’a rien qui frappe le lecteur, et son in-
différence se conçoit. Et cependant il faudra bien qu’on lui accorde une
place dans l’histoire cle l’architecture, qu’on lui restitue le rang auquel
il a droit.
Telles sont les conséquences des recherches fondées sur des documents
authentiques. Les archives ont des rigueurs à nulles autres pareilles.
Tantôt elles nous forcent à oublier un nom célèbre, tantôt à graver dans
notre mémoire un nom inconnu. Dans la présente occurrence nous nous
trouvons devant une réputation usurpée et devant des droits trop long-
temps ignorés. L’usurpateur, c’est Baccio Pontelli; la victime, Meo del
Caprino. C’est à celui-ci, il n’est plus permis d’en douter, qu’est due la
construction de la cathédrale de Turin; c’est lui également qui est l’au-
teur de la plupart des églises romaines attribuées à Pontelli. Le dernier
en date des commentateurs de Yasari2 est disposé à identifier Meo di
Francesco del Caprino au sculpteur Meo di Francesco de Florence, qui
travaillait vers 1A60 à Ferrare et en l/i6i à Rome 3. Sans rejeter cette
hypothèse d’une manière absolue, nous devons cependant faire observer
que Meo est à la fois le diminutif d’Àmedeo et celui de Bartolomeo.
Or, le vrai prénom du premier de ces artistes était Amedeo, tandis que
son homonyme s’appelait Bartolomeo. Quoi qu’il en soit, dès les pre-
mières années du règne de Paul II, nous voyons Meo del Caprino simul-
tanément occupé au palais de Saint-Marc, au palais du Vatican, et enfin
à la tribune de Saint-Pierre 4. Il porte d’ordinaire le titre de tailleur de
pierre (scarpellinus), tandis que son collègue Giuliano da San Gallo est
désigné sous celui de maçon (rnurator), et, de fait, on lui confie surtout
des ouvrages de sculpture. Mais on ne saurait trop le répéter, la pratique
1. Ouv. cité, p. 1 2.
2. Éd. Sansoni, t. Il, p. 664.
3. Gazette des Beaux-Arts, juillet 1878, p. 99. — Chronique des Arts, 29 juin
1878.
4. 1470. 1er décembre. « Magistro Meo de Caprino, recipienti pro se et sociis ejus
scarpellinis, flor. auri d. c. centum pro parte laoorerii per eumÇsmJ facti cornicum de
marmore pro pretio carlenorum septem pro brachio ab eorum (sic) habitarum pro
fabrica dicte tribune. »
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
1A82 à la citadelle de Tivoli ; il y est, en effet, question d’un « Julianus
de Florentia, rnurator ». Mais cette mention ne saurait s’appliquer à notre
maître, car ce Julianus de Florentia mourut vers la même époque1, tandis
que Giuliano da San Gallo vécut jusqu’en 1516.
Mais revenons à Paul II et àla tribune de Saint-Pierre. Giuliano avait
pour collègue, comme nous l’avons dit, un de ses compatriotes, Meo del
Caprino. Ce nom, à coup sûr, n’a rien qui frappe le lecteur, et son in-
différence se conçoit. Et cependant il faudra bien qu’on lui accorde une
place dans l’histoire cle l’architecture, qu’on lui restitue le rang auquel
il a droit.
Telles sont les conséquences des recherches fondées sur des documents
authentiques. Les archives ont des rigueurs à nulles autres pareilles.
Tantôt elles nous forcent à oublier un nom célèbre, tantôt à graver dans
notre mémoire un nom inconnu. Dans la présente occurrence nous nous
trouvons devant une réputation usurpée et devant des droits trop long-
temps ignorés. L’usurpateur, c’est Baccio Pontelli; la victime, Meo del
Caprino. C’est à celui-ci, il n’est plus permis d’en douter, qu’est due la
construction de la cathédrale de Turin; c’est lui également qui est l’au-
teur de la plupart des églises romaines attribuées à Pontelli. Le dernier
en date des commentateurs de Yasari2 est disposé à identifier Meo di
Francesco del Caprino au sculpteur Meo di Francesco de Florence, qui
travaillait vers 1A60 à Ferrare et en l/i6i à Rome 3. Sans rejeter cette
hypothèse d’une manière absolue, nous devons cependant faire observer
que Meo est à la fois le diminutif d’Àmedeo et celui de Bartolomeo.
Or, le vrai prénom du premier de ces artistes était Amedeo, tandis que
son homonyme s’appelait Bartolomeo. Quoi qu’il en soit, dès les pre-
mières années du règne de Paul II, nous voyons Meo del Caprino simul-
tanément occupé au palais de Saint-Marc, au palais du Vatican, et enfin
à la tribune de Saint-Pierre 4. Il porte d’ordinaire le titre de tailleur de
pierre (scarpellinus), tandis que son collègue Giuliano da San Gallo est
désigné sous celui de maçon (rnurator), et, de fait, on lui confie surtout
des ouvrages de sculpture. Mais on ne saurait trop le répéter, la pratique
1. Ouv. cité, p. 1 2.
2. Éd. Sansoni, t. Il, p. 664.
3. Gazette des Beaux-Arts, juillet 1878, p. 99. — Chronique des Arts, 29 juin
1878.
4. 1470. 1er décembre. « Magistro Meo de Caprino, recipienti pro se et sociis ejus
scarpellinis, flor. auri d. c. centum pro parte laoorerii per eumÇsmJ facti cornicum de
marmore pro pretio carlenorum septem pro brachio ab eorum (sic) habitarum pro
fabrica dicte tribune. »