Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 19.1879

DOI Heft:
Nr. 5
DOI Artikel:
Lefort, Paul: Velazquez, [1]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.22839#0436

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
VELAZQUEZ.

419

gement, de facture et d’aspect de 110s plus hardis naturalistes, nous
sommes presque tenté d’écrire que le peintre de Philippe IV parle déjà
la langue des peintres de demain.

Et cette langue, ferme, arrêtée, définitive, complète, chez Velâzquez,
et déjà vieille de deux siècles, il nous semble pouvoir en dire, sans injus-
tice, que nos impressionnistes, cette jeune avant-garde de l’école, com-
mencent à peine encore à la balbutier.

Assurément aucune peinture autre que celle de Velâzquez ne per-
mettrait ces enjambements audacieux par-dessus la chronologie et n’au-
toriserait des rapprochements qu’on jugerait sans doute fantaisistes et
excessifs, si l’œuvre n’était là pour témoigner de ce surprenant privilège
d’inaltérable jeunesse et d’absolue modernité.

11 y a cinquante ans, le peintre Wilkie, visitant le Musée de Madrid,
était lui-même si vivement frappé de cette .impression, qu’il écrivait à
son ami Lawrence : « J’ignore si ma remarque peut passer pour neuve,
mais je lui trouve, à ce peintre, comme un air de famille avec nous;
à tel point même que, si je me promène dans les deux galeries du Musée
où l’on a rassemblé ses œuvres, je me crois presque entouré de tableaux
anglais1. »

Est-il besoin de le dire, c’est en toute raison que Wilkie relève ces
rapports généraux de caractère, cette parenté d’art, cet « air de famille»
entre la peinture de Velâzquez et celle de ses brillants compatriotes,
Joshua Reynolds, Gainsborough, Romney, Raeburn, ou même Constable ;
et si nous relevons la justesse du rapprochement, c’est qu’il n’est pas
hors de notre propos de rappeler quelle part a eue l’école anglaise au
réveil de notre propre école naturaliste, et, partant, quels liens indirects
mais bien ténus encore rattachaient déjà celle-ci à Velâzquez.

Mais il y a beau temps que l’école n’en est plus, avec le maître es-
pagnol, à ces initiations de seconde main. Depuis que l’Espagne s’est
faite plus accessible, nos artistes passent volontiers les Pyrénées et s’en
vont à Madrid tenter d’arracher à Velâzquez ses merveilleux secrets de
vie. Louable préoccupation que celle-là, mais qui voudrait la pénétration
patiente et l’effort soutenu, plutôt quela fougue etl’élan trop vite lassés.
Aussi, en enregistrant quelques-unes de ces entreprises trop hâtivement
menées et sitôt déçues, l’histoire de notre école dans ces vingt dernières
années constate, non sans regrets, que les résultats en sont demeurés à
peu près nuis ou insaisissables.

Deux des plus brillants talents de notre temps, Fortuny et Régnault,

L Voy. article «Wilkie», Gazette des Beaux-Arts, t. XXIV, première période.
 
Annotationen