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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 24.1881

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Nr. 2
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Lostalot, Alfred de: Les pastels de M. de Nittis au cercle de l'Union Artistique
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https://doi.org/10.11588/diglit.22844#0178

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164

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

une ambition d’artiste. Était-ce bien le cas, à vrai dire, d’essayer d’aller
plus loin? Les portraits de ces jeunes femmes ne nous montrent-ils pas
tout ce que nous avons le droit d’apprendre d’elles? leur beauté, leur
grâce, leur élégance. Le peintre eût manqué à la discrétion, à la galante-
rie même, s’il se fût avisé de les vouloir étudier de trop près. Quand il
entreprit le portrait de M. de Concourt, un portrait d’homme, il savait
d’avance que le modèle et le public se montreraient plus exigeants, ou
plutôt que leurs exigences seraient d’une autre nature : le succès de son
œuvre prouve qu’il n’a pas failli aux devoirs nouveaux qui lui incom-
baient. Ce portrait est étudié à fond et le sentiment de l’individualité s’en
dégage avec vigueur : il ressemble physiquement et moralement au
modèle.

Que de morceaux affriolants, œuvres d’un maître-peintre, dans cette
galerie de jolis visages, dans ces groupes aimables de femmes élégantes!
Il y a là de véritables trouvailles dont il faut tenir grand compte à M. de
Nittis, car elles lui appartiennent en propre : le geste cavalier et distin-
gué cependant de la jeune femme debout, tendant son pied devant le
poêle qui flambe en plein air, aux courses d’Auteuil; l’attitude osée et si
heureuse de celle qui a grimpé sur une chaise pour mieux suivre les
péripéties de la course; la pose si complètement dépourvue de pose de
Mme J. E., assise sur un canapé, dont les étoffes à fleurs vives sont une
merveille d’exécution, sans que Je modèle ait à souffrir de ce dangereux
voisinage; l’allure de sphinx de cette femme voilée qui, se tournant vers
le public, ses griffes roses dissimulées sous des gants noirs, semble lui
poser une énigme peu redoutable.

Il y a des bouts d’épaules, des emmanchements de coudes et de poi-
gnets, du dessin le mieux informé; les savantes indiscrétions du vête-
ment ne laissent aucun doute sur la finesse des détails dans ces natures
aristocratiques. Personne, nous le répétons, n’habille une femme comme
le fait M. de Nittis; il sait par cœur les cassures d’un gant bien coupé,
les plis d’une étoffe, souples ou brisés suivant sa nature, et discrets
observateurs de la loi des courbes que le modèle leur rappelle sans
cesse.

Est-ce tout? Non. Quoiqu’on le sache depuis longtemps, il est bon de
rappeler que nous avons affaire à l’un des plus fins paysagistes de notre
temps.

Le peintre des routes ensoleillées du Midi, des rues de Paris et de
Londres est un grand dispensateur d’air et de lumière. Ses pastels nous
en fournissent une preuve nouvelle. Certes, les figures y régnent en
souveraines, mais M. de Nittis a eu la force de résister à la fascination de
 
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