COUP D’OEIL
SUR
L'ÉTAT PRÉSENT DU CAIRE
ANCIEN ET MODERNE
« Il sera trop tard pour étudier les hommes,
quand il n’y aura plus sur la terre que des
Européens. »
Abel Rémusat.
Il y a quinze ans, au début du
règne d’Ismaïl, l’ex-khédive d’Egypte,
la ville du Caire était encore intacte,
en ce sens que, si ses monuments
continuaient paisiblement de tomber
en ruine selon la coutume éternelle
des pays d’Orient, du moins on n’y
avait rien tenté comme travaux, dits
d’embellissement et de restauration.
Toutefois, le vice-roi et ses mi-
nistres parlaient déjcà avec enthousiasme de régénérer le Caire selon les
méthodes expéditives de Paris. On montrait avec orgueil des plans de
quartiers neufs tracés en échiquier et des projets de percements qui fai-
saient frémir. Dans toutes les directions, la vieille ville des khalifes et
des sultans y était traversée par des percées rectilignes et indéfinies, for-
mant des figures assez semblables à celles qu’en blason on nomme sau-
toirs, chevrons, fasces et pals. Ce devait être comme l’irruption d’une
ville américaine au sein d’une forêt vierge.
SUR
L'ÉTAT PRÉSENT DU CAIRE
ANCIEN ET MODERNE
« Il sera trop tard pour étudier les hommes,
quand il n’y aura plus sur la terre que des
Européens. »
Abel Rémusat.
Il y a quinze ans, au début du
règne d’Ismaïl, l’ex-khédive d’Egypte,
la ville du Caire était encore intacte,
en ce sens que, si ses monuments
continuaient paisiblement de tomber
en ruine selon la coutume éternelle
des pays d’Orient, du moins on n’y
avait rien tenté comme travaux, dits
d’embellissement et de restauration.
Toutefois, le vice-roi et ses mi-
nistres parlaient déjcà avec enthousiasme de régénérer le Caire selon les
méthodes expéditives de Paris. On montrait avec orgueil des plans de
quartiers neufs tracés en échiquier et des projets de percements qui fai-
saient frémir. Dans toutes les directions, la vieille ville des khalifes et
des sultans y était traversée par des percées rectilignes et indéfinies, for-
mant des figures assez semblables à celles qu’en blason on nomme sau-
toirs, chevrons, fasces et pals. Ce devait être comme l’irruption d’une
ville américaine au sein d’une forêt vierge.