AUGUSTE MARIETTE
ESQUISSE DE SA VIE ET DE SES TRAVAUX EN ÉGYPTE
« Quand la maison est finie la mort y
entre, » disent les Orientaux. Parole triste et
vraie qui vient de se réaliser au Caire pour le
célèbre musée de Boulaq. A peine était-il sorti
de ses transformations, que son fondateur,
M. Mariette, y mourait, entouré du respect
et des regrets du monde savant, mais privé
de la suprême consolation de revoir ces collec-
tions, ces salles charmantes qui étaient la pa-
trie de son âme et dont l’achèvement s’accom-
plissait d’après des plans longtemps médités.
Revenu mourant de France en Égypte, c’est à grand’peine que Mariette
atteignit sa demeure, dont il ne devait plus sortir ; et là, du haut de cette
véranda tant aimée de ses hôtes, au milieu de ses enfants et de ses amis
désolés, cet homme si ferme, si maître de lui-même, ne sut retenir ses
larmes en promenant ses regards une dernière fois sur le Nil, ce chemin
de gloire qu’il ne pouvait plus parcourir ; sur la façade rajeunie de ce
Musée qui, peu après, devait se transformer en chapelle ardente; enfin sur
ces jardins qu’on venait de planter pour lui et qui allaient devenir le lieu de
sa sépulture.
Ce lieu sacré où Mariette aborda pour la première fois il y a trente et
un ans, où il vécut, où il repose, a gardé l’empreinte, visible encore,
ESQUISSE DE SA VIE ET DE SES TRAVAUX EN ÉGYPTE
« Quand la maison est finie la mort y
entre, » disent les Orientaux. Parole triste et
vraie qui vient de se réaliser au Caire pour le
célèbre musée de Boulaq. A peine était-il sorti
de ses transformations, que son fondateur,
M. Mariette, y mourait, entouré du respect
et des regrets du monde savant, mais privé
de la suprême consolation de revoir ces collec-
tions, ces salles charmantes qui étaient la pa-
trie de son âme et dont l’achèvement s’accom-
plissait d’après des plans longtemps médités.
Revenu mourant de France en Égypte, c’est à grand’peine que Mariette
atteignit sa demeure, dont il ne devait plus sortir ; et là, du haut de cette
véranda tant aimée de ses hôtes, au milieu de ses enfants et de ses amis
désolés, cet homme si ferme, si maître de lui-même, ne sut retenir ses
larmes en promenant ses regards une dernière fois sur le Nil, ce chemin
de gloire qu’il ne pouvait plus parcourir ; sur la façade rajeunie de ce
Musée qui, peu après, devait se transformer en chapelle ardente; enfin sur
ces jardins qu’on venait de planter pour lui et qui allaient devenir le lieu de
sa sépulture.
Ce lieu sacré où Mariette aborda pour la première fois il y a trente et
un ans, où il vécut, où il repose, a gardé l’empreinte, visible encore,