LE MUSÉE DE BESANCON
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E T
LA DÉPOSITION DE CROIX DU BRONZINO
I
e musée d’ait de Besançon, créé en 1834 et ouvert en 1843, a eu
pour noyau primitif quelques épaves de la nombreuse collection
d’œuvres d’art que les Granvelle avaient envoyée dans le pays de
leurs origines. Lorsque ce bel ensemble fut dispersé vers la fin du
xvne siècle, l’abbé Jean-Baptiste Boisot acheta, en même temps que la
correspondance du cardinal de Granvelle, quelques tableaux qu’il réunit à sa biblio-
thèque, puis légua celle-ci, en 1694, au public studieux de la ville de Besançon1.
Quatre morceaux de cette provenance sont particulièrement remarquables : un portrait
sur toile de Nicolas Perrenot de Granvelle, garde des sceaux de Charles-Quint, peint
par le Titien, probablement en 1548; un portrait en buste du cardinal de Granvelle,
peint de grandeur naturelle, sur cuivre, par le Gaëtano; deux admirables portraits sur
bois de l’ambassadeur Simon Renard et de Jeanne Lullier, sa femme, peints en 1553
et 1557, par Antonio Moro.
A ces œuvres d'art la Révolution française permit de joindre deux retables d’autel,
qui témoignent également des goûts artistiques de la famille Granvelle. L’un de ces
retables appartenait à la chapelle intérieure du palais que le garde des sceaux de
Charles-Quint s’était fait construire à Besançon : c’est un triptyque qui, étant ouvert,
représente la Vierge douloureuse entre le prophète Jérémie et l’évangéliste saint Luc;
ces deux figures masculines, du plus beau style allemand, sont réellement dignes d’Al-
bert Durer, à qui la tradition attribue le tableau. L’autre retable, enlevé à la chapelle
funéraire des Granvelle, porte ces mots comme signature : opéra del bronzino fio-
rentino; c’est la Déposition de Croix, dont le présent article a pour objet d’es-
quisser l’histoire.
D’un tout autre caractère est la série des tableaux et dessins légués à la ville de
I. Voy. A. Castan, Monographie du palais Granvelle à Besançon, dans les Mémoires lus à la Sorbonne
(archéologie), 1866; — Lancrenon et Castan, Catalogue des musées de Besançon, 6e édition, 1879; —
A. Castan, Besançon et ses environs, 1880 : articles Musées et Bibliothèque publique.
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LA DÉPOSITION DE CROIX DU BRONZINO
I
e musée d’ait de Besançon, créé en 1834 et ouvert en 1843, a eu
pour noyau primitif quelques épaves de la nombreuse collection
d’œuvres d’art que les Granvelle avaient envoyée dans le pays de
leurs origines. Lorsque ce bel ensemble fut dispersé vers la fin du
xvne siècle, l’abbé Jean-Baptiste Boisot acheta, en même temps que la
correspondance du cardinal de Granvelle, quelques tableaux qu’il réunit à sa biblio-
thèque, puis légua celle-ci, en 1694, au public studieux de la ville de Besançon1.
Quatre morceaux de cette provenance sont particulièrement remarquables : un portrait
sur toile de Nicolas Perrenot de Granvelle, garde des sceaux de Charles-Quint, peint
par le Titien, probablement en 1548; un portrait en buste du cardinal de Granvelle,
peint de grandeur naturelle, sur cuivre, par le Gaëtano; deux admirables portraits sur
bois de l’ambassadeur Simon Renard et de Jeanne Lullier, sa femme, peints en 1553
et 1557, par Antonio Moro.
A ces œuvres d'art la Révolution française permit de joindre deux retables d’autel,
qui témoignent également des goûts artistiques de la famille Granvelle. L’un de ces
retables appartenait à la chapelle intérieure du palais que le garde des sceaux de
Charles-Quint s’était fait construire à Besançon : c’est un triptyque qui, étant ouvert,
représente la Vierge douloureuse entre le prophète Jérémie et l’évangéliste saint Luc;
ces deux figures masculines, du plus beau style allemand, sont réellement dignes d’Al-
bert Durer, à qui la tradition attribue le tableau. L’autre retable, enlevé à la chapelle
funéraire des Granvelle, porte ces mots comme signature : opéra del bronzino fio-
rentino; c’est la Déposition de Croix, dont le présent article a pour objet d’es-
quisser l’histoire.
D’un tout autre caractère est la série des tableaux et dessins légués à la ville de
I. Voy. A. Castan, Monographie du palais Granvelle à Besançon, dans les Mémoires lus à la Sorbonne
(archéologie), 1866; — Lancrenon et Castan, Catalogue des musées de Besançon, 6e édition, 1879; —
A. Castan, Besançon et ses environs, 1880 : articles Musées et Bibliothèque publique.