NOTE SUR LA PRÉTENDUE TRILOGIE
D’ALBERT DURER
LE CHEVALIER, LE DIABLE ET LA MORT ; LA MÉLANCOLIE ; SAINT JÉRÔME
DANS SA CELLULE
armi les œuvres de Durer, il en est un assez
grand nombre dont on n’a pu, malgré le soin
des recherches et la hardiesse des suppositions,
donner une explication décisive ou même accep-
table. Séparés par plusieurs siècles de l’époque
du maître, manquant d’indications suffisantes
sur les événements journaliers d’alors, nous ne
pouvons suppléer à ces lacunes que par des
hypothèses toujours contestables. Pour interpréter sûrement telle ou
telle œuvre, qui semble avec raison énigmatique, il nous faudrait con-
naître l’état exact de la science et de la civilisation de ces temps déjà
lointains, pénétrer les mœurs, les usages, les manies même de l’époque,
enfin posséder tout un ensemble de documents, contrats de vente ou
d’achat, testaments, ordonnances, chroniques locales, poèmes de cir-
constance, sermons, satires, pamphlets et autres pièces qui forme-
raient comme un journal quotidien du passé. Évidemment la possession
de ces renseignements éclairerait le sens de mille productions demeurées
obscures pour l’ignorante postérité. Évidemment aussi, beaucoup de con-
jectures modernes, vantées pour leur ingénieuse témérité, tomberaient,
non sans quelque ridicule, devant l’explication naïve et simple que fourni-
raient les documents contemporains. Entre les gravures de notre maître,
dont l’obscurité même provoque l’étonnante diversité des commentaires, il
en est trois surtout qui ont curieusement exercé la sagacité des historiens
de l’art: le Chevalierle Diable et la Mort (B. 98), la Mélancolie (B. 7/i)
et le Saint Jérôme dans sa cellule (B. 60).
D’ALBERT DURER
LE CHEVALIER, LE DIABLE ET LA MORT ; LA MÉLANCOLIE ; SAINT JÉRÔME
DANS SA CELLULE
armi les œuvres de Durer, il en est un assez
grand nombre dont on n’a pu, malgré le soin
des recherches et la hardiesse des suppositions,
donner une explication décisive ou même accep-
table. Séparés par plusieurs siècles de l’époque
du maître, manquant d’indications suffisantes
sur les événements journaliers d’alors, nous ne
pouvons suppléer à ces lacunes que par des
hypothèses toujours contestables. Pour interpréter sûrement telle ou
telle œuvre, qui semble avec raison énigmatique, il nous faudrait con-
naître l’état exact de la science et de la civilisation de ces temps déjà
lointains, pénétrer les mœurs, les usages, les manies même de l’époque,
enfin posséder tout un ensemble de documents, contrats de vente ou
d’achat, testaments, ordonnances, chroniques locales, poèmes de cir-
constance, sermons, satires, pamphlets et autres pièces qui forme-
raient comme un journal quotidien du passé. Évidemment la possession
de ces renseignements éclairerait le sens de mille productions demeurées
obscures pour l’ignorante postérité. Évidemment aussi, beaucoup de con-
jectures modernes, vantées pour leur ingénieuse témérité, tomberaient,
non sans quelque ridicule, devant l’explication naïve et simple que fourni-
raient les documents contemporains. Entre les gravures de notre maître,
dont l’obscurité même provoque l’étonnante diversité des commentaires, il
en est trois surtout qui ont curieusement exercé la sagacité des historiens
de l’art: le Chevalierle Diable et la Mort (B. 98), la Mélancolie (B. 7/i)
et le Saint Jérôme dans sa cellule (B. 60).