Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 24.1881

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Bibliographie
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.22844#0581

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

5Z| 0

L’oiseau n’est-il pas l’emblème du mouvement, l’image de l’âme
elle-même, la poésie de l’espace? «Je ne vois guère sur fia terre, a dit
Michelet clans sa langue de poète, qu’une classe d’êtres à qui il soit donné
d’ignorer on de tromper, par le mouvement libre et rapide, cette uni-
verselle tristesse de l’impuissante aspiration : c’est celui qui ne tient à
la terre que du bout de l’aile, pour ainsi parler; celui que l’air lui-
même berce et porte, le plus souvent, sans qu’il ait à s’en mêler autre-
ment que pour diriger à son besoin, à son caprice. »

M. Paul Robert a vu l’oiseau en amoureux. Chacun de ses dessins
est un portrait d’une exactitude étonnante. Soit qu’il rende l’oiseau en
blanc et noir, avec le seul secours de la plume (les spécimens de des-
sins que nous donnons ici en feront comprendre la finesse d’observa-
tion et la fermeté de travail), soit qu’il le peigne avec toutes les res-
sources de l’aquarelle, il se montre interprète aussi intelligent que
consciencieux. Cela ne nous surprend pas, d’ailleurs, de la part de
M. Paul Robert. Nous avons eu quelques rapports avec lui lors du Salon
de 1880 et nous avons pu apprécier les rares qualités de sa nature
d’artiste.

Sa manière de dessiner est franche, un peu rude parfois, mais d'une
sûreté parfaite. Chaque espèce est définie avec un œil de naturaliste.
L’arrangement de l’image est toujours pittoresque. Le seul reproche que
nous pourrions faire à l’artiste, c’est que, poussé par le besoin de rendre
avec une précision qui n’avait point encore ôté obtenue avant lui, il a
négligé quelquefois les sacrifices utiles. Son dessin est un peu trop cou-
vert; il gagnerait en certain endroits à être allégé. Par contre, ses aqua-
relles sont des tableaux auxquels les plus exigeants n’auront rien à re-
prendre, et les dernières ne sont pas les moins belles. L’Effraie, le Pic-
Vert, le Coucou, le Martinet, l’Hirondelle de fenêtre, le Grimpereau,
avec les échappées de nature, les coins de feuillage où ils s’encadrent,
forment, pour ne citer que ceux-là au hasard, des tableaux d’une
richesse, d’une fraîcheur et d’une vérité admirables.

De grands éloges doivent être donnés aux reproductions, qui ont res-
pecté l’intégrité des dessins. Les procédés dus à MM. Barret, Gillot et
Guillaume ont de beaux noirs brillants qui ont donné les meilleurs ré-
sultats de tirage. Les bois, supérieurement gravés, — et ils offraient de
grandes difficultés, —sont d’un aspect velouté et chaud. Les chromolitho-
graphies, sorties des mains si habiles deM. Lemercier, sont des meilleures
qui aient été réussies en France. Beaucoup même, par le nombre, la
variété et l’éclat des teintes qui jouent l’aquarelle, sont supérieures, à
notre avis, à ce qui a encore été fait dans ce genre.
 
Annotationen