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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
robe garnie de fourrures, est tirée en couleurs sur papier bleuté. Le
graveur le faisait annoncer ainsi, en mai 1770, dans le Mercure de
France :
« Le sieur Bonnet, bien connu pour sa nouvelle gravure dans la
manière du pastel, ne pouvait mieux employer ses talents qu’en
retraçant le portrait de l’auguste princesse Marie-Antoinette, archi-
duchesse, sœur de l’empereur. Ce portrait est une jolie miniature
en forme de médaillon que l’on peut placer dans une boite grande
ou petite. Il peut être aussi mis dans une bordure carrée, en con-
servant le cartel qui le renferme. Le sieur Bonnet l’a gravée d’après
le tableau de Ivtanzingen qui est dans l’appartement de Mesdames.
Prix 3 livres. »
Nous n’étonnerons pas le lecteur en disant qu’il est plus cher à
présent, carune épreuve a été payée jusqu’à 550 francs, en 1879.
Citons encore parmi les pièces les plus réussies de Bonnet : le
Réveil de Vénus, dédié à la marquise de Langeac, l’Amour prie Vénus de
lui rendre ses armes, au comte de Saint-Florentin, prétextes à montrer
de belles formes, qui rentrent franchement dans la manière aux deux
crayons et sont dignes de rivaliser avec les meilleurs Demarteau.
Plus compliquées dans leur exécution sont quatre pièces assez
élégantes formant suite : le Déjeuner, le Dîner, le Souper, dus au
crayon mélangé d’aquarelle de Huet, et le Goûter à celui de Bau-
douin ; sujets gais et bien composés où l’on a voulu reconnaître
parmi les personnages le Comte de Provence en son jeune temps,
expressions fines, colorations vives, gravure soignée, mélange d’aqua-
tinte, de manière de crajmn et de pointillé : Bonnet direxit, signature
impersonnelle souvent employée par lui.
On trouve encore dans l’œuvre de Louis Bonnet des sujets galants,
très frais dans leur sentimentalité un peu mièvre : VAmant écouté,
l’Éventail cassé, où le maniement de l’outil est si bien dissimulé dans
le velouté de l’exécution qu’on hésite sur le procédé dont s’est servi
le graveur. On pourrait multiplier les citations de pièces, parler du
Bouquet accepté, du Bouquet refusé, du Baiser donné., jolies scènes prêtant
à de gais effets de costumes de couleur tendre, mais il nous faut dire
-encore un mot de ses têtes de femmes entourées, par un goût discuta-
ble, d’encadrements ornementés, pour imiter les cadres en bois doré.
Au bas de plusieurs de ses Têtes d’études de jeunes femmes encadrées
ainsi et gravées par Bonnet d’après Leclère on lit : « L’invention de
.cette manière de graver et d’imprimer l’or a été trouvée par Louis
Marin et mise au jour le 16 novembre 1774. »
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
robe garnie de fourrures, est tirée en couleurs sur papier bleuté. Le
graveur le faisait annoncer ainsi, en mai 1770, dans le Mercure de
France :
« Le sieur Bonnet, bien connu pour sa nouvelle gravure dans la
manière du pastel, ne pouvait mieux employer ses talents qu’en
retraçant le portrait de l’auguste princesse Marie-Antoinette, archi-
duchesse, sœur de l’empereur. Ce portrait est une jolie miniature
en forme de médaillon que l’on peut placer dans une boite grande
ou petite. Il peut être aussi mis dans une bordure carrée, en con-
servant le cartel qui le renferme. Le sieur Bonnet l’a gravée d’après
le tableau de Ivtanzingen qui est dans l’appartement de Mesdames.
Prix 3 livres. »
Nous n’étonnerons pas le lecteur en disant qu’il est plus cher à
présent, carune épreuve a été payée jusqu’à 550 francs, en 1879.
Citons encore parmi les pièces les plus réussies de Bonnet : le
Réveil de Vénus, dédié à la marquise de Langeac, l’Amour prie Vénus de
lui rendre ses armes, au comte de Saint-Florentin, prétextes à montrer
de belles formes, qui rentrent franchement dans la manière aux deux
crayons et sont dignes de rivaliser avec les meilleurs Demarteau.
Plus compliquées dans leur exécution sont quatre pièces assez
élégantes formant suite : le Déjeuner, le Dîner, le Souper, dus au
crayon mélangé d’aquarelle de Huet, et le Goûter à celui de Bau-
douin ; sujets gais et bien composés où l’on a voulu reconnaître
parmi les personnages le Comte de Provence en son jeune temps,
expressions fines, colorations vives, gravure soignée, mélange d’aqua-
tinte, de manière de crajmn et de pointillé : Bonnet direxit, signature
impersonnelle souvent employée par lui.
On trouve encore dans l’œuvre de Louis Bonnet des sujets galants,
très frais dans leur sentimentalité un peu mièvre : VAmant écouté,
l’Éventail cassé, où le maniement de l’outil est si bien dissimulé dans
le velouté de l’exécution qu’on hésite sur le procédé dont s’est servi
le graveur. On pourrait multiplier les citations de pièces, parler du
Bouquet accepté, du Bouquet refusé, du Baiser donné., jolies scènes prêtant
à de gais effets de costumes de couleur tendre, mais il nous faut dire
-encore un mot de ses têtes de femmes entourées, par un goût discuta-
ble, d’encadrements ornementés, pour imiter les cadres en bois doré.
Au bas de plusieurs de ses Têtes d’études de jeunes femmes encadrées
ainsi et gravées par Bonnet d’après Leclère on lit : « L’invention de
.cette manière de graver et d’imprimer l’or a été trouvée par Louis
Marin et mise au jour le 16 novembre 1774. »