LA GRAVURE EN COULEURS.
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Une petite difficulté existe au sujet de ce nom de Louis Marin.
D’après Huber et Rost c’étaient les prénoms de Bonnet. Mais sur les
estampes la signature Louis Marin n’est généralement pas suivie du
nom de Bonnet; et il est possible que Louis Marin ait été le gendre
de Bonnet, et qu’il ait inventé l’application de l’or sur les estampes.
Ces pièces à cadres d’or : les Trois Grâces, VAmour et Vénus par
exemple, se vendaient à Londres, chez Vivarès, dont elles portent
l’adresse, graveur qui était le correspondant de Bonnet, et plus tard
chez la veuve de Yivarès.
Bonnet, d’ailleurs, à la tète d’un grand commerce d’estampes,
auquel était annexé l’atelier de gravure qu’il dirigeait, ne s’en tenait
pas au seul procédé du crayon. Dans quelques-unes des plus jolies
pièces signées de son nom : le Bain, la Toilette, d’après Jollain ;
VHeureux Chat et la Belle Toilette, d’après Huet, le pointillé dans les
chairs fait son apparition.
Cela nous servira de transition pour passer à un genre de
gravure fort à la mode à la fin du xviii6 siècle et au début de
celui-ci.
L’ordre chronologique devrait amener ici, il est vrai, la gravure
en couleurs dérivant du lavis, c’est-à-dire le procédé employé vers
1770 par Janinet et plus tard par Debucourt; — mais nous préfé-
rons, après avoir parlé de la gravure en manière de crayon et de
pastel, parler de la gravure pointillée, qui fut très employée en
Angleterre d’abord, puis en France pendant la Révolution, au
moment où, — comme le remarque Renouvier, — se manifestait
un grand besoin d’images. La gravure au burin était lente et chère,
il fallait produire vite : les graveurs se jetèrent sur les procédés
expéditifs. La gravure au pointillé fut de ce nombre.
Comme la gravure en manière de crayon — dont elle se
rapproche, mais sans s’obtenir par les mêmes moyens, — elle peut
revendiquer Jean Lutma pour précurseur. Des artistes de premier
ordre se servirent dès longtemps, dans leur gravure, de points plus
ou moins nombreux, surtout dans les chairs, afin de produire des
ombres douces. Boulanger et Morin, au xvn° siècle, complétaient
ainsi leur travail de burin. Ils se servaient pour accomplir ce
pointillage soit du burin seul, soit d’un mélange de burin et d’eau-
forte. Quand, au siècle suivant, la planche entière fut travaillée par
ce système de points détachés, elle prit le nom de gravure au
pointillé. Bartolozzi pratiqua ce genre de gravure à Londres, sur une
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Une petite difficulté existe au sujet de ce nom de Louis Marin.
D’après Huber et Rost c’étaient les prénoms de Bonnet. Mais sur les
estampes la signature Louis Marin n’est généralement pas suivie du
nom de Bonnet; et il est possible que Louis Marin ait été le gendre
de Bonnet, et qu’il ait inventé l’application de l’or sur les estampes.
Ces pièces à cadres d’or : les Trois Grâces, VAmour et Vénus par
exemple, se vendaient à Londres, chez Vivarès, dont elles portent
l’adresse, graveur qui était le correspondant de Bonnet, et plus tard
chez la veuve de Yivarès.
Bonnet, d’ailleurs, à la tète d’un grand commerce d’estampes,
auquel était annexé l’atelier de gravure qu’il dirigeait, ne s’en tenait
pas au seul procédé du crayon. Dans quelques-unes des plus jolies
pièces signées de son nom : le Bain, la Toilette, d’après Jollain ;
VHeureux Chat et la Belle Toilette, d’après Huet, le pointillé dans les
chairs fait son apparition.
Cela nous servira de transition pour passer à un genre de
gravure fort à la mode à la fin du xviii6 siècle et au début de
celui-ci.
L’ordre chronologique devrait amener ici, il est vrai, la gravure
en couleurs dérivant du lavis, c’est-à-dire le procédé employé vers
1770 par Janinet et plus tard par Debucourt; — mais nous préfé-
rons, après avoir parlé de la gravure en manière de crayon et de
pastel, parler de la gravure pointillée, qui fut très employée en
Angleterre d’abord, puis en France pendant la Révolution, au
moment où, — comme le remarque Renouvier, — se manifestait
un grand besoin d’images. La gravure au burin était lente et chère,
il fallait produire vite : les graveurs se jetèrent sur les procédés
expéditifs. La gravure au pointillé fut de ce nombre.
Comme la gravure en manière de crayon — dont elle se
rapproche, mais sans s’obtenir par les mêmes moyens, — elle peut
revendiquer Jean Lutma pour précurseur. Des artistes de premier
ordre se servirent dès longtemps, dans leur gravure, de points plus
ou moins nombreux, surtout dans les chairs, afin de produire des
ombres douces. Boulanger et Morin, au xvn° siècle, complétaient
ainsi leur travail de burin. Ils se servaient pour accomplir ce
pointillage soit du burin seul, soit d’un mélange de burin et d’eau-
forte. Quand, au siècle suivant, la planche entière fut travaillée par
ce système de points détachés, elle prit le nom de gravure au
pointillé. Bartolozzi pratiqua ce genre de gravure à Londres, sur une