LA GRAVURE EN COULEURS.
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tons surchauffes, sur des modèles d’une désespérante monotonie.
Faut-il leur préférer les pièces gravées d’après Hamilton, les Mois de
l’Année, Werther, Hamlet, Roméo et Juliette? En tout cas, l’illustration
des Saisons, de Thompson, pour une édition de grand luxe, parue
en 1797, est très soigneusement exécutée par Tomkins et Bartolozzi,
sur les peintures de Hamilton : on trouve des exemplaires en couleurs
de ce beau spécimen des presses anglaises.
Dans les portraits de Bartolozzi réside vraiment la partie intéres-
sante de son œuvre. Son WilliamPilt, d’après Reynolds, est à signaler
pour sa distinction. Sous ses doigts, le pointillé prend alors une
fermeté qui ne lui est pas ordinaire. Très remarquable le portrait,
d’après Roslin, de l’archiduchesse Marie-Christine, sœur de Marie-
Antoinette, que l’on rencontre tiré en tons de bistre clair; très
agréables ceux d'Angelica Kauffmann et de Maria Coswaij, charmante
sous son chapeau de paille ; Miss Eyre, Miss Ponsonby, Mistress Abingdon,
participent de l’expression ravissante que le graveur savait donner
à ses têtes de femmes; dans le nombre, un petit bijou de charme
honnête, Lady Smyth et ses enfants, d’après Reynolds, estampe
publiée en 1789. L’épreuve de la Bibliothèque nationale, imprimée
dans les tons les plus distingués, est un des meilleurs spécimens de
la gravure au pointillé de couleur. Toutefois, ne trouvera-t-on pas
que les admirateurs de Bartolozzi aient forcé la note en disant que
si le Corrège, par le charme de son pinceau avait mérité le surnom
de peintre des Grâces, Bartolozzi pouvait en être nommé le graveur?
Parmi les pointiHeurs de portraits, John Condé est l’un des plus
agréables. Il travaillait d’après le miniaturiste Cosway et obtenait
des résultats d’une grande douceur. Condé avait l’habitude d’entourer
ses portraits d’encadrements composés de filets et de teintes plates,
petit artifice qui n’était pas sans faire valoir des gravures tenues
dans des tons bleus et rose pâle. Son portrait le plus recherché
en France est celui de Madame du Barry, bien qu’on soupçonne la
ressemblance d’être ultra fantaisiste ; mais le plus charmant est sans
contredit celui de Mistress Tickell, aux grands yeux bleus.
Une revue plus longue des graveurs de manière anglaise serait
fastidieuse, toutefois, il faut rappeler que toute une foule d’artistes
s’agitait autour de Bartolozzi et que certains avaient du talent. Il
serait injuste d’oublier les scènes de Tom Jones, grandes estampes
habilement gravées par Simon, d’après Doxvnman. On les trouve
tirées en couleurs, ainsi que de nombreux sujets de genre, Christening
et Communion par Sloane et Suntach d’après AVheatly, Morning
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tons surchauffes, sur des modèles d’une désespérante monotonie.
Faut-il leur préférer les pièces gravées d’après Hamilton, les Mois de
l’Année, Werther, Hamlet, Roméo et Juliette? En tout cas, l’illustration
des Saisons, de Thompson, pour une édition de grand luxe, parue
en 1797, est très soigneusement exécutée par Tomkins et Bartolozzi,
sur les peintures de Hamilton : on trouve des exemplaires en couleurs
de ce beau spécimen des presses anglaises.
Dans les portraits de Bartolozzi réside vraiment la partie intéres-
sante de son œuvre. Son WilliamPilt, d’après Reynolds, est à signaler
pour sa distinction. Sous ses doigts, le pointillé prend alors une
fermeté qui ne lui est pas ordinaire. Très remarquable le portrait,
d’après Roslin, de l’archiduchesse Marie-Christine, sœur de Marie-
Antoinette, que l’on rencontre tiré en tons de bistre clair; très
agréables ceux d'Angelica Kauffmann et de Maria Coswaij, charmante
sous son chapeau de paille ; Miss Eyre, Miss Ponsonby, Mistress Abingdon,
participent de l’expression ravissante que le graveur savait donner
à ses têtes de femmes; dans le nombre, un petit bijou de charme
honnête, Lady Smyth et ses enfants, d’après Reynolds, estampe
publiée en 1789. L’épreuve de la Bibliothèque nationale, imprimée
dans les tons les plus distingués, est un des meilleurs spécimens de
la gravure au pointillé de couleur. Toutefois, ne trouvera-t-on pas
que les admirateurs de Bartolozzi aient forcé la note en disant que
si le Corrège, par le charme de son pinceau avait mérité le surnom
de peintre des Grâces, Bartolozzi pouvait en être nommé le graveur?
Parmi les pointiHeurs de portraits, John Condé est l’un des plus
agréables. Il travaillait d’après le miniaturiste Cosway et obtenait
des résultats d’une grande douceur. Condé avait l’habitude d’entourer
ses portraits d’encadrements composés de filets et de teintes plates,
petit artifice qui n’était pas sans faire valoir des gravures tenues
dans des tons bleus et rose pâle. Son portrait le plus recherché
en France est celui de Madame du Barry, bien qu’on soupçonne la
ressemblance d’être ultra fantaisiste ; mais le plus charmant est sans
contredit celui de Mistress Tickell, aux grands yeux bleus.
Une revue plus longue des graveurs de manière anglaise serait
fastidieuse, toutefois, il faut rappeler que toute une foule d’artistes
s’agitait autour de Bartolozzi et que certains avaient du talent. Il
serait injuste d’oublier les scènes de Tom Jones, grandes estampes
habilement gravées par Simon, d’après Doxvnman. On les trouve
tirées en couleurs, ainsi que de nombreux sujets de genre, Christening
et Communion par Sloane et Suntach d’après AVheatly, Morning