Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 1.1889)

66

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

inspirée par une peinture d’un vase de Ruvo où Ton voit Séléné à cheval,
motif assez rare dans les monuments antiques 1 et que l’art moderne a peut-
être tort de négliger. N’y a-t-il pas là matière à des combinaisons de li-
gnes gracieuses et, pour le moins, au rajeunissement d’un type peu connu
que les manuels de mythologie classique ne décrivent pas?

Les frontons du temple de Jupiter à Olympie ont déjà provoqué une
quantité d’études : Olivier Rayet a exposé ici même les difficultés que com-
porte leur restitution 3. Pour le fronton occidental, attribué à Alcamène, on
admettait jusqu’à présent un arrangement dû à M. Treu, qni a été reproduit
dans de nombreux ouvrages consacrés à l’histoire de l’art grec3. Mais le
même archéologue, en étudiant les originaux à Olympie et les moulages
réunis au Musée de Dresde, est arrivé à la conviction que l’ordonnance pro-
posée par lui devait être considérablement modifiée. Dans l’Annuaire publié
par l’Institut archéologique allemand, il a fait connaître la nouvelle restitu-
tion qu’il adopte 4 et que, vu son importance, nous avons cru devoir répéter
en tète de cet article. On connaît le sujet de cette composition, une des plus
belles que nous aient léguées les anciens : c’est le combat des Centaures et
des Lapithes, au moment où Thésée, brandissant une hache, entre en lutte
contre les agresseurs. Le milieu du fronton est occupé par Apollon, que
Pausanias prenait à tort pour Pirithoüs. La description du géographe grec
n’est pas exempte de confusion et d’erreurs; aussi M. Treu considère-t-il
comme peu important le fait que sa restitution actuelle s’éloigne un peu
plus de cette description que la précédente. La symétrie, un des traits carac-
téristiques des compositions du v° siècle, est encore plus frappante dans
l’arrangement que nous signalons; il est aussi fort intéressant d’observer
que les deux guerriers placés à droite et à gauche d’Apollon (l’un d’eux est
certainement Thésée) rappellent très exactement le fameux groupe des
Tyrannicides, antérieur de peu d’années au fronton d’Alcamène, dont les
monnaies d’Athènes et deux marbres du Musée de Naples nous ont conservé
le souvenir 3.

C’est encore Olympie et le chet-d’œuvre disparu de Phidias que nous rap-
pelle l’admirable bas-relief découvert en 1884 à Epidaure et publié pour la
première fois en héliogravure parM. Bruckmann dans le nouveau recueil de
sculptures antiques dont le texte doit être rédigé par M. Brunn G. Transporté

!. Cf. Bottier et Reinach, La Nécropole de Myrina, p. 402-404; Stephani, Compte
Rendu de Saint-Pétersbourg pour 1800, p. 43 et suiv.

2. Gazette des Beaux-Arts, février 1877 et mai 1880. Voy. ces articles reproduits
dans les Études d’archéologie et d’art, par O. Rayet (Paris, Didot, 1888), p. 42
et suiv.

3. Par exemple dans celui de Mme Lucy Mitchell, A history of ancient sculp-
ture (New-York, Dodd, Mead and Co., 1883), p. 265. Cf. Treu, Ausgrabungen zu
Olympia, t. III, pl. xxvi-xxvii, p. 16; t. IV, p. 22.

4. Jahrbuch des deutschen Instituts, 1888, pl. v-vi.

5 Cf. Clarac, Musée de sculpture, pl. 869, n°2202; pl. 870, no 2203 A; Overbeck,
Geschichte der griechischen Plcistik, 3e éd., t. I, p. 120.

6. Bruckmann, Antike Benkmœler, gr. in-fol., Munich, 1888. Sept livraisons
de planches ont paru. Le prix de souscription à ce recueil est de 2,000 francs;