DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Reinach, Salomon: Courrier de l'art antique, 5
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0083
COURRIER DE L’ART ANTIQUE.
71
Mantinée1. Si l’on ajoute à cela que ces sculptures sont charmantes, que
les Muses rappellent les plus jolies figurines en terre cuite de Tanagra,
rapportées avec raison par Rayet au ive siècle, enfin que la cithare entre les
mains d’Apollon est conforme au type figuré sur les vases à figures rouges
de la belle époque, on se demandera comment il est possible de résister à
l’évidence et d’attribuer à je ne sais quel anonyme postérieur ces bas-reliefs
sculptés sur la base d’une œuvre de Praxitèle. Qu’on se laisse donc aller
bonnement à l’admiration des belles choses sans chercher des raisons pour
HERCULE ET ACHELOUS, PEINTURE DE VASE DÉCOUVERT A SUESSULA.
ne les admirer qu’à demi, comme si la peur d’être dupe était la vraie marque
du connaisseur! Mieux vaut encore se tromper ingénument.
Si, après avoir rendu hommage aux artistes grecs, on veut voir ce dont
les artisans étaient capables, c’est toujours vers les lécythes blancs attiques
qu’il faut se tourner 2. Ceux qu’on a découverts récemment à Érétrie et qui
sont déposés au Polyteclinicon d’Athènes, comptent parmi les plus jolis
spécimens de cette série déjà longue de petits chefs-d’œuvre 3. Nous repro-
duisons un groupe charmant composé de trois personnages : Charon dans
sa barque, vêtu de Y ex omis des muletiers et des marins, coiffé d'un grand
chapeau en feutre conique; un enfant assis sur un rocher; une femme
tenant un canard qui s’approche de l'enfant. On peut construire avec ces
éléments toute une scène dont les rives du fleuve infernal sont le théâtre.
L’enfant s’étonne à l’approche du nocher funèbre : il se retourne vers la
•1. Cf. Rayet, Monuments de l’Art antique, t. I, pi. xxm.
2. Voy. l’excellent ouvrage de M. E. Pottier, Les Lécythes blancs funéraires, Paris,
Thorin, 1885, et nos Esquisses archéologiques, p. 248 et suiv.
3. F. von Dulin, Jahrbuch des deutschen Instituts, 1887, p. 240; Antike
Benkmœler, t. I, pl. xxm.
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Mantinée1. Si l’on ajoute à cela que ces sculptures sont charmantes, que
les Muses rappellent les plus jolies figurines en terre cuite de Tanagra,
rapportées avec raison par Rayet au ive siècle, enfin que la cithare entre les
mains d’Apollon est conforme au type figuré sur les vases à figures rouges
de la belle époque, on se demandera comment il est possible de résister à
l’évidence et d’attribuer à je ne sais quel anonyme postérieur ces bas-reliefs
sculptés sur la base d’une œuvre de Praxitèle. Qu’on se laisse donc aller
bonnement à l’admiration des belles choses sans chercher des raisons pour
HERCULE ET ACHELOUS, PEINTURE DE VASE DÉCOUVERT A SUESSULA.
ne les admirer qu’à demi, comme si la peur d’être dupe était la vraie marque
du connaisseur! Mieux vaut encore se tromper ingénument.
Si, après avoir rendu hommage aux artistes grecs, on veut voir ce dont
les artisans étaient capables, c’est toujours vers les lécythes blancs attiques
qu’il faut se tourner 2. Ceux qu’on a découverts récemment à Érétrie et qui
sont déposés au Polyteclinicon d’Athènes, comptent parmi les plus jolis
spécimens de cette série déjà longue de petits chefs-d’œuvre 3. Nous repro-
duisons un groupe charmant composé de trois personnages : Charon dans
sa barque, vêtu de Y ex omis des muletiers et des marins, coiffé d'un grand
chapeau en feutre conique; un enfant assis sur un rocher; une femme
tenant un canard qui s’approche de l'enfant. On peut construire avec ces
éléments toute une scène dont les rives du fleuve infernal sont le théâtre.
L’enfant s’étonne à l’approche du nocher funèbre : il se retourne vers la
•1. Cf. Rayet, Monuments de l’Art antique, t. I, pi. xxm.
2. Voy. l’excellent ouvrage de M. E. Pottier, Les Lécythes blancs funéraires, Paris,
Thorin, 1885, et nos Esquisses archéologiques, p. 248 et suiv.
3. F. von Dulin, Jahrbuch des deutschen Instituts, 1887, p. 240; Antike
Benkmœler, t. I, pl. xxm.