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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 3
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Portalis, Roger: La gravure en couleurs, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0222

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198

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

lement saisi les tons argentins particuliers au peintre de la grâce.

Il faut placer ici l’élégante image de Mademoiselle du T*** (Duthé)
dont le piquant profil se reflète dans une glace-psyclié. Le dessin
de Le Moine a été traduit par Janinet avec une rare justesse. De
discrètes teintes roses et bleues couvrent d’une façon limpide un
travail exécuté partie à l’aquatinte, partie à la manière du crayon.

Plus ferme dans son modelé, plus vivant d’aspect se montre le
portrait de la modiste de la Reine, J/lle Berlin, forte personne à la
figure intelligente mais commune, la même qui fit, dit-on, une faillite
de deux millions. Elle est supérieurement rendue par l’artiste en un
petit médaillon ovale, l’un des chefs-d’œuvre, peut-être même, au
point de vue de l’assouplissement du procédé, le morceau le plus par-
fait de la gravure en couleurs. Il décèle chez le graveur une remar-
quable dextérité : Janinet est alors absolument maître de son art.

Une pièce fort distinguée d’aspect rentre encore dans la catégorie
des portraits. Sous le titre des Sentiments de la Nation, J.-B. Huet a
groupé la famille royale, la reine Marie-Antoinette, le premier
dauphin sur ses genoux, assise auprès du buste du roi. Cette jolie
estampe ornée de lis et de roses noués de rubans bleus, fut publiée
par Janinet en 1781, chez Isabey, quai de Gesvres, à l’occasion de la
naissance du jeune prince.

N’oublions pas de signaler parmi les cent morceaux de tous
genres dus à l’habile graveur, des dessus de tabatières, des garni-
tures de boutons, où l’on peut voir un fin profil dq Marie-Antoinette,
le portrait de la princesse Sophie-Wilhelmine, médaillon de premier
choix, enfin des Vues de Monuments de Paris.

Aurait-on pu supposer qu’au milieu de ces travaux nombreux et
délicats, Janinet, jaloux des lauriers de Pilàtre et de Montgolfier,
abandonnerait, momentanément il est vrai, son atelier, pour essayer
de tracer dans les airs des routes nouvelles? Les expériences sur les
ballons passionnaient alors les inventeurs et la foule. Janinet qui
s’intitulait volontiers physicien, en voulant faire avancer la navi-
gation aérienne, se rendit la risée de tout Paris convoqué à ses
expériences. Avec l’aide de son ami l’abbé Miollan, il construisit à
l’Observatoire une machine plus grande que toutes celles qui avaient
été lancées jusqu’alors. On ne pouvait assister à son enlèvement dans
les jardins du Luxembourg que moyennant trois livres. L’expérience
était fixée au dimanche 11 juillet 1784. Le marquis d’Arlandes et un
mécanicien devaient partir avec nos deux amateurs. Mais le ballon
 
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