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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 3
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Portalis, Roger: La gravure en couleurs, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0236

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LA GRAVURE EN COULEURS.

211

Dès que viennent les mauvais jours, Villeneuve ne se préoccupe
plus que de flatter les passions les plus sanguinaires. Le curieux
chez lui, — et Champfleury l’a bien remarqué dans son Histoire de la
Caricature, — est le contraste entre la violence des sujets et le poli,
on dirait presque l’élégance du travail. Villeneuve se fait dessinateur
de la lanterne ou de la guillotine, et cela à froid, exécutant sans
passion, avec patience, avec amour, des scènes sanglantes, à plu-
sieurs planches repérées avec un soin méticuleux.

Le roi et la reine ont des médaillons exécutés sur le fin modèle
d’Augustin de Saint Aubin, mais placés dans «une lanterne » et les
légendes sont d’un homme qui se bat les flancs pour être enragé :
Le Traître Louis XVI voué au mépris et à ! exécration français dans sa
postérité lapins reculée, etc... ; pour pendant La Panthère autrichienne...
cette affreuse Messaline, etc... La légende est trop écœurante pour en
transcrire davantage.

Dès lors tout est ainsi : Repique et Capet, c’est Louis XVI jouant
aux cartes avec un homme du peuple. Légende : J’ai écarté les cœurs,
il a les piques, et je suis capot ! — Louis XVI coiffé du bonnet rouge; —
Louis le parjure (en porc), la Baronne de Korf (Marie-Antoinette en
panthère); — Matière à réflexions pour les jongleurs couronnés; Ecce
Veto (la tète coupée de Louis XVI) ; — le Triumgueusat ; — le
Triumvirat puni (coup de pied de Villeneuve aux Terroristes tombés);
et tout cela pour que cette rage aboutisse, dit Renouvier, à des images
de piété et à des portraits de Louis XVIII !

Les personnages de la fin du siècle ont trouvé d’habiles et
sérieux graveurs en couleurs pour rendre leurs traits. Angélique
Briceau, femme d’Allais, en a laissé de très bien faits des hommes
marquants de la Révolution, Marat, Chalier, Mirabeau surtout, éner-
gique et vrai avec le travail minutieux de la peau toute couturée
de traces de variole.

Le graveur Alix lui est encore supérieur. Ses portraits sont
importants dans l’histoire de la gravure en couleurs par leur perfec-
tion et leur ressemblance. L’un des plus soignés est celui de l’acteur
Préville, dont le graveur se vantait d’être le filleul. Comme Mme Allais,
il a fait une Charlotte Corday, un peu criarde de ton peut-être. Sa suite
de philosophes, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Helvétius, J.-J. Rousseau,
assez décorative, exécutée d’après des pastels de Sablet, Garnerey et
autres, fut exposée au Salon de l’an IV.

La Marie-Antoinette d’Alix est une belle estampe digne d’être
 
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