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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 5
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Gonse, Louis: Coup d'oeil avant l'ouverture: Exposition Universelle de 1889
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0392

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354

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

deux millions et demi d’habitants semble décuplée et tendue vers
un but unique. Nul ne pourra dire ce qui, pendant ce mois, s’est
dépensé de forces, de talents et de ressources. Pour ceux qui ont été
mêlés au coup de feu de la dernière heure, l’impression restera
inouïe, ineffaçable.

« Comme le disait M. Julius Price, dans la P ail Mail Gazette, les
Français aiment à faire grand : ils auront prouvé une fois de plus
qu’il s’y entendent. L’Exposition du centenaire de 1789, comparée à
toutes celles qui l’ont précédée, sera absolument stupéfiante. Ni les
peines, ni l’argent n’ont été ménagés. Rien de mesquin n’afflige le
regard. Jusque dans la plus petite charpente de fer, le sentiment et
le goût éclatent. Le résultat est de nature à démontrer à l’univers
que la France est toujours la plus laborieuse et la plus artiste des
nations, et que, lorsqu’elle est résolue à faire une chose, elle sait s’y
mettre corps et âme. »

Ainsi parlait il y a quelques semaines le rédacteur du grand
journal anglais. Que dirait-il aujourd’hui, devant ce tableau féerique,
devant cette Tour Eiffel, qui jette dans les airs ses trois cents mètres
de fer, devant ces palais qui arrondissent leurs dômes majestueux et
font briller sous le soleil leurs revêtements de faïence, devant cette
prodigieuse Galerie des Machines qui couvre d’une seule envolée une
superficie de 60,000 mètres, — c’est-à-dire un espace trois fois plus
étendu que le jardin du Palais-Royal, — et devant toutes ces annexes
imprévues, pittoresques, qui enjambent les unes sur les autres et
débordent sur le Trocadéro, sur la Seine, sur les Quais, sur l’Espla-
nade des Invalides, où un coup de baguette miraculeuse a fait surgir
l’allée des Colonies.

La France seule, entre toutes les nations, ou pour mieux dire,
Paris seul était en état de risquer une aussi formidable partie. Il y
fallait l’entrain, l’optimisme, la vitalité, les ressources infinies, les
attractions naturelles, le prestige universel de la grande ville, la
souplesse et l’ingéniosité de ses ouvriers; il fallait aussi l’expé-
rience profonde des hommes éminents qui avaient déjà conçu et
dirigé l’Exposition de 1878, pour porter sans fléchir le poids d’un tel
effort. Ces mêmes hommes qui ont été à la peine et qui demain
seront à l’honneur, ces hommes de foi robuste, d’activité infati-
gable, qui, silencieusement, sans se laisser arrêter ni décourager,
ont mené à terme une tâche qui semblait au-dessus des possibilités
humaines, M. Alphand pour les travaux, M. Georges Berger pour
l’exploitation et la direction des aménagements, et leurs dévoués
 
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