LE PETIT SAINT MICHEL DE RAPHAËL.
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Le voilà désormais le vrai patron de l’Angleterre. Le Concile national
d'Oxi'ord décide, en 1222, que sa fête sera d’obligation dans tout le
royaume, et l’ordre de la Jarretière, fondé par Edouard III en 1330,
est placé sous son invocation... Après tant d’apparitions et de pro-
diges, cette figure héroïque avait pris des proportions qui dépassaient
la mesure ordinaire des saints. Comme l’archange Michel, c’est le
démon lui-même que saint Georges avait mission de combattre et de
vaincre. Ainsi transporté dans le monde surnaturel, il s’élance, sur
un cheval fougueux, contre l’ennemi du genre humain, contre Satan
métamorphosé en dragon, et, nouveau Pensée, il a aussi son Andro-
mède. A l’exemple de l’antiquité, dont l’anthropomorphisme person-
nifiait les villes et les provinces, les eaux et les bois, la Renaissance
symbolisa par une vierge laCappadoce, arrachée par saint Georges à
l’idolâtrie, c’est-à-dire à l’enfer. On voit cette vierge, tantôt priant
et tantôt fuyant devant le monstre, devenir une des caractéristiques
du saint h Nous l'avons signalée dans le Saint Georges à la Jarretière
aussi bien que dans le Saint Georges du Musée du Louvre.
Conclusion. Le Saint Georges du Musée du Louvre et le Saint Georges
à la Jarretière sont congénères. Ils ont exactement le même âge. Ils
appartiennent l’un et l’autre à l’année 1506.
IL
LE PETIT SAINT MICHEL.
Le duc Guidobaldo, voulant sans doute avoir un pendant au Saint
Georges, Raphaël peignit le Petit saint Michel.
Porté par des ailes diaprées des plus vives couleurs, l’archange
s’est élancé contre le démon, qu’il tient terrassé sous son pied triom-
phant2. Pour livrer ce combat, il a revêtu l’armure des chevaliers ;
mais la cuirasse, à laquelle tient une courte cotte flottante d’un bleu
vif, ainsi que les cuissards et les jambières, passées par-dessus des
-1, Caractéristiques des saints, par le P. Ch. Cahier, t. I, page 407.
2. C’est de son pied gauche, sur lequel le corps pèse de tout son poids, que l’ar-
change écrase la gorge du monstre, auquel il va trancher la tète à l’aide du glaive
qu’il brandit de la main droite. Par un mouvement inverse, c’est la jambe droite,
rejetée en arrière, qui imprime à la figure son irrésistible impulsion, tandis que la
main gauche, ramenée le long du corps, tient un bouclier blanc marqué d'une
croix rouge.
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Le voilà désormais le vrai patron de l’Angleterre. Le Concile national
d'Oxi'ord décide, en 1222, que sa fête sera d’obligation dans tout le
royaume, et l’ordre de la Jarretière, fondé par Edouard III en 1330,
est placé sous son invocation... Après tant d’apparitions et de pro-
diges, cette figure héroïque avait pris des proportions qui dépassaient
la mesure ordinaire des saints. Comme l’archange Michel, c’est le
démon lui-même que saint Georges avait mission de combattre et de
vaincre. Ainsi transporté dans le monde surnaturel, il s’élance, sur
un cheval fougueux, contre l’ennemi du genre humain, contre Satan
métamorphosé en dragon, et, nouveau Pensée, il a aussi son Andro-
mède. A l’exemple de l’antiquité, dont l’anthropomorphisme person-
nifiait les villes et les provinces, les eaux et les bois, la Renaissance
symbolisa par une vierge laCappadoce, arrachée par saint Georges à
l’idolâtrie, c’est-à-dire à l’enfer. On voit cette vierge, tantôt priant
et tantôt fuyant devant le monstre, devenir une des caractéristiques
du saint h Nous l'avons signalée dans le Saint Georges à la Jarretière
aussi bien que dans le Saint Georges du Musée du Louvre.
Conclusion. Le Saint Georges du Musée du Louvre et le Saint Georges
à la Jarretière sont congénères. Ils ont exactement le même âge. Ils
appartiennent l’un et l’autre à l’année 1506.
IL
LE PETIT SAINT MICHEL.
Le duc Guidobaldo, voulant sans doute avoir un pendant au Saint
Georges, Raphaël peignit le Petit saint Michel.
Porté par des ailes diaprées des plus vives couleurs, l’archange
s’est élancé contre le démon, qu’il tient terrassé sous son pied triom-
phant2. Pour livrer ce combat, il a revêtu l’armure des chevaliers ;
mais la cuirasse, à laquelle tient une courte cotte flottante d’un bleu
vif, ainsi que les cuissards et les jambières, passées par-dessus des
-1, Caractéristiques des saints, par le P. Ch. Cahier, t. I, page 407.
2. C’est de son pied gauche, sur lequel le corps pèse de tout son poids, que l’ar-
change écrase la gorge du monstre, auquel il va trancher la tète à l’aide du glaive
qu’il brandit de la main droite. Par un mouvement inverse, c’est la jambe droite,
rejetée en arrière, qui imprime à la figure son irrésistible impulsion, tandis que la
main gauche, ramenée le long du corps, tient un bouclier blanc marqué d'une
croix rouge.