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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 5
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Gruyer, François-Anatole: Le Saint Georges et les deux Saint Michel de Raphaël au musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0433

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394

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

« d’une effroyable masse de reptiles, de tant d’espèces différentes,
« que le souvenir m’en gdace encore le sang. Leurs mains étaient liées
« par derrière avec des serpents, et ceux-ci, formant des nœuds par
« devant, leur fourraient dans les reins leurs queues et leurs têtes L »
On compte, au loin, quatre de ces malheureux, dans lesquels le poète a
reconnu quatre de ses compatriotes : Agnolo Brunelleschi, Buvio dei
Abbati, Puccio Sciancato et Cianfa dei Donati. Au-dessus de cette
partie de l’enfer, apparaît le vide lumineux du ciel, apportant au
milieu des ténèbres, avec sa lumière bleue, des rayons d’espérance.

Tel est ce tableau, intéressant jusque dans ses moindres détails.
Traité presque comme une miniature, il démontre une grande force;
peint avec une extrême délicatesse, il donne l'impression d’une chaude
harmonie. C’est à peu près lamême exécution que celle du Saint Georges.
Je lui préfère, cependant, et de beaucoup, ce dernier. La figure de
l’archange, toute charmante qu’elle est, n’a pas l’extrême élégance,
non plus que la grandeur et la liberté d’allure de la figure du saint.
Celui-ci est conçu d’une manière plus large, d’une façon plus abstraite ;
il est à lui seul tout le tableau et l’on ne voit pour ainsi dire rien en
dehors de lui. Le Petit, saint Michel, au contraire, n’est, à vrai dire,
qu’un tableau épisodique. On vient de voir combien Raphaël, en le
peignant, s’était préoccupé du poème de Dante, et je crois la poésie
dantesque assez inaccessible à la peinture. Douze ans plus tard,
Raphaël peindra le Grand saint Michel avec l’ampleur et la majesté
qui lui conviennent, en ne s’inspirant alors que de l’idée abstraite
personnifiée par cette mystérieuse et superbe figure.

Nous avons établi la date de 1506 pour le Petit saint Georges. Le
Petit saint Michel ayant été peint presque en même temps, la même
date lui convient aussi. C’est encore du cabinet de Mazarin que
cette peinture a passé dans la collection de Louis XIV, et c’est de la
petite Galerie du roi à Yersailles qu’il est venu au Musée du Louvre1 2.

1. Inferno, cant. xxiv, au 82.

2. Voici la description de Bailly (1709) : « Un tableau représentant un saint
Michel combattant des monstres. Figure de six à sept pouces. Ayant de hauteur
onze pouces et demi sur neuf pouces et demi de large. Peint sur bois, dans sa
bordure dorce. — Versailles. Petite galerie du roy. » — Ce tableau est peint sur
le bois d’un damier. On voyait encore les traces de ce damier sur le reArers du
panneau, avant qu’on y ait appliqué une couche épaisse de couleur à l’huile comme
moyen de préservation. — Félibien prétend que ce Petit saint Michel avait été
acheté par François Ier, mais rien ne justifie cette assertion; tout tend, au con-
traire, à la contredire. — Un dessin, pour ce tableau, se trouvait dans le cabinet
Crozat.
 
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