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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 1.1889

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Nr. 6
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Bode, Wilhelm von: La Renaissance au Musée de Berlin, 8, Les écoles de Venise et de Vérone
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https://doi.org/10.11588/diglit.24445#0550

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LA RENAISSANCE AU MUSÉE DE BERLIN.

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paternité de Léonard : je veux dire le mouvement et l’expression du
Christ ressuscitant. Il est certain que l’œuvre, sous ce rapport, n’est
guère belle. Le mouvement et le raccourci sont malheureux; la tête
a une expression presque répulsive. Mais ces deux parties de tableau,
ce mouvement et cette expression, ne sont en aucune façon in-léo-
nardesques, si l’on peut dire; nous retrouvons, en effet, la même
tète de Christ dans un célèbre dessin à la sanguine de Léonard, à
l’Académie de Venise, de même que dans divers travaux de Ver-
rocchio et de son école.

Quant au mouvement et à la conception du Christ ressuscitant, on
peut assurément en contester la grâce, mais non l’originalité ou la
grandeur. Que l’on compare seulement les représentations du même
motif par les maîtres les plus connus du xve siècle, Ghirlandajo,
Pérugin, Basaiti, etc. : on aura aussitôt conscience du progrès
extraordinaire accompli dans ce tableau, de la hardiesse dans la con-
ception et le mouvement.

On peut dire d’une façon générale que la composition d’une si
belle ordonnancera disposition et le mouvement des figures, la beauté
des lignes, que tout cela dénote manifestement la main d’un grand
maître. L’arrangement des figures en un triangle remontant, et la
hauteur du point de vue d’où semblent aperçues les figures, ces traits
distinctifs du tableau, se retrouvent plus ou moins dans toutes les
peintures de Léonard. Et elles ne se trouvent nulle autre part, sauf
dans quelques compositions de son maître Verrocchio, datées précisé-
ment du temps où Léonard fréquentait l’atelier de cet artiste. Que le
type du Christ ressuscitant soit essentiellement léonardesque, je l’ai
déjà expliqué; que les saints éperdus dans la contemplation du
Christ, les yeux levés vers lui, soient de vraies figures du maître,
on aurait de la peine à le nier. Saint Léonard nous présente cette
tête juvénile caractéristique que nous rencontrons si souvent,
notamment dans les études de sa jeunesse. Et le modèle de la Sainte
Lucie, une adorable figure féminine que seul il a pu créer, ce modèle
s’offre à nous dans un dessin connu de Windsor.

La façon dont sont dessinés et traités les vêtements, dans cette
Résurrection, des étoffes épaisses ou foncées alternant avec les étoffes
légères, les plis grands et longs alternant avec des petits plis serrés,
les attaches des bras, le dessin et l’exécution des ornements, le voile
dans les cheveux et leur disposition, avec de nombreuses autres
petites particularités, dont l’énumération ici m’entraînerait trop
loin, tout cela réuni, caractérise si nettement une œuvre authentique
 
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