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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 1
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Senart, Emile: L' art industriel dans l'Inde
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0058

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

végétaux, l’argenterie du Cachemire rehaussée par le mélange du
vermeil ; et les sculptures sur bois, infatigablement fouillées, compli-
quées à plaisir, qui triomphent dans toute l’Inde de l’ouest, surplom-
bant en balcons et en balustres les ruelles grouillantes du vieux La-
hore, s’armant de métal pour fermer les hôtels modernes des Seths
enrichis! Le goût des bijoux est dans l’Inde aussi vif qu’universel.
Hommes et femmes, dans le peuple et parmi les princes, chacun aime
à s’en charger. À défaut de matières précieuses, trop coûteuses, le cui-
vre, des anneaux multicolores en feront les frais. Les bijoux ici ne
sont pas seulement un objet de parure : l’homme du peuple attache ses
économies aux chevilles et aux bras de sa femme sous forme de paru-
res qui vont en s’alourdissant au fur et à mesure que son pécule aug-
mente; les bijoux sont sa caisse d’épargne; pour les chefs ils sont une
manière de trésor. La fantaisie s’est ici donné carrière. Les bracelets
d’argent prennent souvent des formes ingénieuses; à côté des pierres
montées suivant la mode traditionnelle, pavés de diamants et de rubis
taillés en tranches minces et dont la richesse même ne rachète pas
la monotonie, les colliers aux enroulements légers, aux fines décou-
pures, font honneur à l’invention des joailliers de Delhi.

L’émail leur prête son secours. Au Cachemire les vases, les
aiguières de cuivre ciselé se parent ainsi de belles teintes bleues
parmi lesquelles ressortent les arêtes du métal doré. A Jeypore, les
petites plaques d’or se couvrent d’un émail du dessin le plus délié,
du ton le plus brillant : animaux, fleurs, arabesques, où les rouges
ont un éclat et une transparence admirables, où les bleus profonds se
détachent sur des blancs éblouissants. Détail bizarre et caractéris-
tique : ces habiles ouvriers de Jeypore ignorent le secret de leurs
couleurs; ils les obtiennent de Delhi où leur art est pourtant cultivé
avec bien moins de talent et de succès. Le Pendjab reprend l’avantage
dans la fabrication des armes : les épées et les dagues aux poignées
ouvragées, ornées d’émaux ou de pierres, les boucliers dont les fins
damasquinages d’or enchevêtrant leurs méandres, serpents, arbres ou
enroulements, s’enlèvent sur le fond bleuté de l’acier.

L’énumération serait longue ; je n’entends pas tout citer. Les
pièces que nous reproduisons ici peuvent donner une idée de quelques-
unes des principales industries.

Ces industries ne datent pas d’hier; rien ne s’improvise, dans
l’Inde moins qu’ailleurs.

Cependant Baber, le fameux souverain mogol qui associa si
curieusement l’esprit aventureux de sa race aux raffinements des
 
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