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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 1
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Senart, Emile: L' art industriel dans l'Inde
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0064

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54

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

C’est assurément sur les exemples sinon sur les enseignements
des Grecs que les Inclous ont appris à substituer la pierre au bois
dans les constructions. Pourtant leur architecture reste, dans son
ensemble, parfaitement inrloue et d’une originalité frappante.

Leur sculpture a dû, elle aussi, puiser aux mêmes sources. No
trouvons-nous pas, dans les restes de la balustrade bouddhique de
Gayâ, un des monuments les plus anciens qui nous aient été conservés,
et qui remonte au moins au 11e siècle avant notre ère, une image du
Soleil traîné par ses quatre coursiers, essentiellement semblable aux
types helléniques bien connus? Rien d’hellénique pourtant dans la
facture de ces débris. Au Nord-Ouest, dans les sculptures du Caboul
dont le Musée de Lahore renferme de si curieux spécimens, mais
dont l’âge par malheur n’a pas encore été déterminé avec précision,
l’influence occidentale est tangible.

A vrai dire, plusieurs œuvres n’ont rien d’indou que le lieu de
leur découverte; mais c’est un art dont les œuvres mixtes font rapi-
dement retour au pur style local et qui paraît avoir disparu bien
vite, sans faire, à notre connaissance, souche d’un développement
indépendant et durable.

Les Grecs n’avaient agi sur l’Inde que par une influence passa-
gère, plus ou moins directe, et sur une aire de contact très limitée.
Les modernes invasions turques, afghanes, mongoles lui apportèrent
la conquête durable, une domination qui de proche en proche s’éten-
dit sur le pays tout entier, qui en modifia profondément l’état reli-
gieux et qui y exerça l’empire pendant plusieurs siècles. L’aspect de
toutes choses en fut singulièrement changé. L’architecture mise au
service de croyances nouvelles, réglée sur des habitudes et des
modèles nouveaux, en associant l’inspiration d’un art étranger à
l’habileté docile de l’ouvrier indou, créa des chefs-d’œuvre qui, à
Bijapore et à Ahmedabad, à Agra et à Delhi, demeurent les témoins
admirables d’une civilisation brillante. C’est aux mêmes leçons que
se sont renouvelés les arts industriels. Il serait imprudent d’affir-
mer qu’aucune tradition professionnelle ne s’est, d’un passé plus
ancien, perpétuée dans les ouvrages modernes; il n’en est aucun, je
crois, qui ne porte la marque très caractérisée, sinon exclusive, de
l’imitation de la Perse musulmane; et, sous la vigoureuse et exi-
geante discipline de ses maîtres, l’artisan indou a certainement su,
jusque de notre temps, produire dans les genres les plus divers
nombre de travaux d’une technique ingénieuse et d’une gracieuse
fantaisie. Ce sont ces ouvrages d’une date moderne et dont la tradi-
 
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