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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 1
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Senart, Emile: L' art industriel dans l'Inde
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0065

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L’ART INDUSTRIEL DANS L’INDE.

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tion se poursuit sous nos yeux qui, dans ce genre, restent à peu
près seuls accessibles à notre étude.

La conquête anglaise n’a pu manquer de créer pour cette produc-
tion indigène un grave danger. Elle dépouillait ou appauvrissait les
chefs dont la libéralité était la ressource principale des artistes et
des artisans. L’absence d’esprit public, les habitudes de docilité
enracinées par une longue domination étrangère, un goût et une
facilité naturels d’imitation, et le prestige qui appartient à des con-
quérants, devaient assurer aux produits européens, à la mode des
choses européennes, une prépondérance absorbante, rapidement des-
tructive pour la tradition locale. Les soucis de la conquête, les pre-
mières difficultés d’un établissement si vaste, laissaient à l’état-major
peu nombreux des fonctionnaires anglais désignés plus par leur
énergie et leur esprit administratif que par leurs préoccupations et
leurs goûts artistiques, bien peu de loisir pour consacrer des soins
de dilettantes aux industries du pays. De fâcheuses conséquences
n’ont pas manqué de se montrer; aujourd’hui encore elles sont trop
apparentes. Les étoffes d’Angleterre ont fait grand tort à la vieille
fabrication indigène ; la copie inintelligente de l’Europe a altéré le
goût local ; trop souvent les chefs ont négligé dédaigneusement le
travail natif, ils ont cru faire œuvre de progrès et d’intelligence en
s’encombrant d’un bric-à-brac occidental du plus triste exemple et
de l’effet le plus déplorable. Trop souvent l’on voit une habileté de
main consommée mise au service de formes hideuses empruntées au
mobilier européen, le talent du brodeur de Delhi prodigué à quelque
robe fâcheusement « esthétique » destinée à la saison de Londres. La
création hâtive d’écoles d'art imprudemment dirigées a plus d’une
fois accéléré le mal, doublé sa force d’expansion. Le souci de l’ensei-
gnement qui honore là-bas l’administration anglaise a parfois tourné
contre ses intentions excellentes.

Le temps cependant a marché; quelques connaisseurs plus
délicats et mieux inspirés ont pris à tâche de réagir, de ramener
par l’enseignement et surtout par les modèles les artisans indigènes
dans la bonne voie; ils ont tenté d’achalander l’industrie indoue
jusqu’en Europe en l’affranchissant d’une copie désastreuse de
l’Europe, en la rendant plus digne de son passé.

Le Journal of Indian Art, dont le troisième volume est actuelle-
ment en cours de publication, est resté comme l’organe permanent
de cette direction nouvelle, avec ses renseignements toujours précis
et ses planches souvent excellentes. C’est dans l’Inde que l’œuvre
 
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