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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 3.1890

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Nr. 6
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Lefort, Paul: Les peintures de Véronèse au musée de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24447#0515

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472

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

miration en écoutant l’Enfant divin. Pour la noblesse des attitudes,
pour la variété et la vérité des portraits, de même que pour la puis-
sance et la perfection du coloris, cette toile est à classer au premier
rang parmi les plus belles productions du maître. Décrite par Ridolfi
qui la vit dans le palais Contarina de Padoue, elle est venue en
Espagne sous le règne de Charles II.

Jésus et le Centurion, qui est aussi une toile de grande valeur pro-
vient, comme les Noces, le Martyre de saint tiinès, le Calvaire, le Sacri-
fice d’Abraham, du monastère de l’Escurial.

Nous nous bornerons à mentionner comme de moindre intérêt
et malgré que ces ouvrages, dans un milieu moins riche en chefs-
d’œuvre, appelleraient l’admiration, Suzanne et les deux vieillards, un
Sujet mystique, une Madeleine, un autre Jésus avec le Centurion, la Femme
adultère, une allégorie de l'Homme entre le Vice et la Vertu, achetée à
Venise où Ridolfi la vit en possession de Giovanni-Battista Sanuto,
et qui fut apportée en Espagne sous le règne de Charles II, Caïn
errant avec sa famille et une Adoration des Rois, qui pourrait être con-
testée à Véronèse et attribuée avec quelque fondement à Zelotti.

Si Paul Véronèse sait créer comme en se jouant les plus vastes
compositions et ordonner avec aisance les plus grandioses et les plus
somptueuses inventions décoratives, il sait tout aussi bien, sur de
petites toiles, donner toute la mesure de son séduisant et souple
génie de coloriste.

Le Musée du Prado possède précisément dans le Moïse sauvé des
eaux, l’un des plus remarquables spécimens de sa peinture de che-
valet. C’est un rare et précieux bijou que cette petite toile, ne mesu-
rant pas plus de cinquante-six centimètres de hauteur sur quarante-
trois de largeur, et où l’artiste nous montre la fille du Pharaon,
blonde et grasse comme une Vénitienne, costumée de riches étoffes
de brocart comme une patricienne du xvi° siècle, suivie de son nain
et entourée de ses filles d’honneur, souriant au jeune enfant qu’on
vient de retirer du Nil et que lui présente l’une de ses suivantes.
Cette gracieuse scène est placée par Véronèse dans un paysage plein
de lumière, où l’on aperçoit une ville, un fleuve, un pont et qu’ombra-
gent de grands arbres. Ce sujet plaisait, parait-il, particulièrement à
l’artiste, car, indépendamment du Moïse sauvé des eaux provenant de
la galerie du duc d’Orléans et qui a passé en Angleterre, les musées
de Turin, de Naples, de Dresde, de Dijon et de Lyon en possèdent
des répétitions, présentant toutes des variantes dans la composition,
et différant entre elles comme format dans d’assez larges proportions.
 
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