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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 1
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Yriarte, Charles: Isabelle d'Este et les artistes de son temps, 1, Les origines, ses tendances, ses portraits
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0032

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24

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

dans la collection André. Selon toute probabilité, le Titien est venu
à Mantoue à cette époque; mais Isabelle a trente-deux ans, et l’âge
n’est plus conforme à celui du portrait. La conclusion s’impose, elle
répond bien aux habitudes du temps, et surtout à celles du Titien.
L’artiste a dû peindre ce portrait sans le secours du modèle (d’après
un document qui représentait la marquise à l’âge de vingt à vingt-
cinq années à peine), comme cela lui est arrivé tant de fois, notam-
ment pour le portrait de François Ier du Musée du Louvre, exécuté
d’après une médaille communiquée par le cardinal de Lorraine qui
commentait le document et guidait le pinceau de l’artiste. Nous
verrons plus tard si quelque document du temps confirme une telle
conjecture.

AUTRE PORTRAIT D’iSABELLE PAR LE TITIEN,

COPIÉ PAR P.-P. RUBENS. — (MUSÉE DE VIENNE).

Un second portrait de la marquise figure au Musée de Vienne,
sous le n° 23, avec la mention : « P.-P. Rubens d’après Le Titien. »
Isabelle a l’âge de quarante ans à peu près; elle a pris de l’ampleur,
la taille est épaisse, le corsage est lourd, la face pleine, la bouche
souriante et les joues sont vermeilles. La princesse porte une coif-
fure qui diffère de celle du premier portrait; le bijou central est
d’un autre caractère; sur la robe d’un rouge éclatant se détache
une de ces lourdes ceintures dont elle a peut-être demandé le modèle
â Hercule Fideli, le joaillier de son frère Alphonse de Ferrare et le
sien; un grand collier de perles pend à son cou, et la fine chemise,
librement ouverte sur un corsage abondant, est ornée de riches
broderies enrichies de perles. Tous ces accessoires, à n’en pas
douter, sont pris surnature; rien dans ce superbe accoutrement ne
rappelle le premier portrait, et tout y révèle la présence du modèle.
L’image est plus personnelle; avec une sincérité visible, l’artiste a
franchement accusé l’action de l’âge par la lourdeur de la taille,
l’épanouissement de la poitrine et l’empâtement des traits. C’est
une Isabelle bien près de se retirer du pouvoir, sous le règne de son
fils Frédéric. A trois reprises différentes, le jeune marquis a reçu le
Titien à Mantoue, ce qui a pu donner à sa mère l'occasion de se faire
peindre par le maître vénitien; et il est établi qu’il a vu de près la
marquise douairière. Le Titien est venu à la cour des Gonzague
en 1522, il y revient en 1529, et laisse des traces de son passage avec
 
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