GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
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faite vers 1627, par Vincent Gonzague au roi Charles Ier d’Angle-
terre, par l’intermédiaire de Nys ; quarante ans après que Rubens
l’avait copié, on l’a retrouvé dans la fameuse collection de l’archiduc
Léopold à Bruxelles (Inventaire de 1659), sous le titre de Portrait de
la reine de Chypre. C’est par l’archiduc qu’il est venu à Vienne.
L’original du second portrait qui représente la marquise dans sa
pleine maturité a figuré au contraire dans la vente au roi d'Angle-
terre (puisqu’il est inscrit au catalogue original de Windsor, à celui
du British Muséum et à la minute du Land Revenue Record Office);
mais lors des ventes successives des tableaux de Charles Ier, ordonnées
par le conseil d’Etat sur l’initiative de Cromwell, cet original a
disparu: peut-être, à l’heure qu’il est, orne-t-il encore, non iden-
tifié, quelque château des comtés. Si la copie de Rubens nous reste,
c’est qu’elle aussi est passée de l’atelier de Rubens, qui la gardait
comme un souvenir de Mantoue, dans les collections de l’archiduc
Léopold; et c’est encore par l’empereur qu’elle est venue dans le
Musée impérial de Vienne.
Au point de vue iconographique, cette copie a la valeur de l’ori-
ginal ; au point de vue pictural, elle a un double intérêt. Un artiste
doué d’un tempérament aussi prodigieux que celui de Rubens ne copie
pas l’œuvre d’un maître sans y mettre quelque chose de lui-même.
Là où le Titien avait sans doute peint de chaudes carnations à reflets
dorés, Rubens a émaillé les chairs, et prodigué au corsage d’Isabelle
ses beaux glacis nacrés et ces « régals de blancheurs » qu’on
retrouve dans le portrait de Marie de Médicis au Musée du Prado.
PORTRAITS DISPARUS.
Au point de vue historique, nous devons encore tenir compte de
plusieurs portraits d’Isabelle, peints par des artistes de renom, qui
ne sont point parvenus jusqu’à nous. En 1493, Isabelle, n’ayant encore
que dix-neuf ans, vivement sollicitée par la comtesse d’Acerra de lui
envoyer son portrait, résolut de le demander à Mantegna L II est
peu probable que celui-ci, qui avait de la répulsion à faire poser ces
J. Voir la brochure Federico Ostaggio alla corte di Julio II, par Alessandro Luzio,
Rome, 1887. R. Societa romana di storia patria. Pour Lorenzo Costa, voir
l'étude très documentée que lui a consacrée M. Adolfo Yenturi, dans YArchivio
Slorico dell Acte.
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faite vers 1627, par Vincent Gonzague au roi Charles Ier d’Angle-
terre, par l’intermédiaire de Nys ; quarante ans après que Rubens
l’avait copié, on l’a retrouvé dans la fameuse collection de l’archiduc
Léopold à Bruxelles (Inventaire de 1659), sous le titre de Portrait de
la reine de Chypre. C’est par l’archiduc qu’il est venu à Vienne.
L’original du second portrait qui représente la marquise dans sa
pleine maturité a figuré au contraire dans la vente au roi d'Angle-
terre (puisqu’il est inscrit au catalogue original de Windsor, à celui
du British Muséum et à la minute du Land Revenue Record Office);
mais lors des ventes successives des tableaux de Charles Ier, ordonnées
par le conseil d’Etat sur l’initiative de Cromwell, cet original a
disparu: peut-être, à l’heure qu’il est, orne-t-il encore, non iden-
tifié, quelque château des comtés. Si la copie de Rubens nous reste,
c’est qu’elle aussi est passée de l’atelier de Rubens, qui la gardait
comme un souvenir de Mantoue, dans les collections de l’archiduc
Léopold; et c’est encore par l’empereur qu’elle est venue dans le
Musée impérial de Vienne.
Au point de vue iconographique, cette copie a la valeur de l’ori-
ginal ; au point de vue pictural, elle a un double intérêt. Un artiste
doué d’un tempérament aussi prodigieux que celui de Rubens ne copie
pas l’œuvre d’un maître sans y mettre quelque chose de lui-même.
Là où le Titien avait sans doute peint de chaudes carnations à reflets
dorés, Rubens a émaillé les chairs, et prodigué au corsage d’Isabelle
ses beaux glacis nacrés et ces « régals de blancheurs » qu’on
retrouve dans le portrait de Marie de Médicis au Musée du Prado.
PORTRAITS DISPARUS.
Au point de vue historique, nous devons encore tenir compte de
plusieurs portraits d’Isabelle, peints par des artistes de renom, qui
ne sont point parvenus jusqu’à nous. En 1493, Isabelle, n’ayant encore
que dix-neuf ans, vivement sollicitée par la comtesse d’Acerra de lui
envoyer son portrait, résolut de le demander à Mantegna L II est
peu probable que celui-ci, qui avait de la répulsion à faire poser ces
J. Voir la brochure Federico Ostaggio alla corte di Julio II, par Alessandro Luzio,
Rome, 1887. R. Societa romana di storia patria. Pour Lorenzo Costa, voir
l'étude très documentée que lui a consacrée M. Adolfo Yenturi, dans YArchivio
Slorico dell Acte.