L’EXPOSITION D’ART ANCIEN A U T REC MT.
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exceptionnelle au xvie sièclepourune œuvre de moyennes dimensions.
Qu’il s’agisse d’une copie plutôt que d'un original, c’est possible
et même probable; ce qui nous parait indubitable, c’est que les éloges
de Lampsonius et de Van Mander nous étonnent, parce que c’est
d’après les incomparables portraits que les critiques de notre temps
ont classé Moro au premier rang.
Quoi d’étrange à ce que, comme tant d’autres de ses confrères,
Moro fût un peintre de sujets religieux froids et compassés, comme
Pourbus et tant d’autres, dont pourtant les portraits sont des pages
de premier ordre.
Il est évident que si le tableau qu’on a vu à Utrecht n’était pas
original, il n’en était pas moins une copie consciencieuse et déjà
ancienne. Si l’original existe toujours, attendons-nous à une décep-
tion le jour où il se retrouvera.
D’après Félibien, le Moro dont il s’agit avait appartenu au prince
de Coudé, après avoir été exhibé à la foire de Saint-Germain pour
de l’argent. A l’appui de ce qui précède, constatons que Joachim
Wettewael, dont les compositions sont des types achevés de mauvais
goût, se révèle, à Utrecht, excellent portraitiste, tandis que Werner
van den Valckert, si pénétrant dans ses portraits, est, sous le rap-
port du maniérisme, un émule de Goltzius, son maître, dans des
créations comme la Toilette de Vénus, morceau d’un grand intérêt,
d’ailleurs, appartenant à M. Hensé, à Zeist.
Un portrait féminin, de 1585, prêté par l’orphelinat réformé, était
encore le meilleur morceau du temps exposé à Utrecht. La dame,
— Elisabeth van Rozen, — représentée de grandeur naturelle, est
vue jusqu’aux genoux, vêtue de noir, coiffée d’un bonnet blanc. La
peinture large et franche est digne de Pierre Aertsen. L’auteur se
faisait sans doute connaître dans une inscription dont les traces
seules persistent.
Il fallait nécessairement attendre du xvne siècle la somme prin-
cipale d’informations que pût nous procurer l’ensemble réuni à
Utrecht.
On sait que sous l’effort d’un groupe de chercheurs patients et
érudits, l’histoire de l’art hollandais s’est enrichie de quantité de
noms auxquels, peu à peu, viennent se rattacher des œuvres donnant
la caractéristique de ces nouveaux venus.
Ainsi, sous le n° 282, on pouvait voir à l’exposition un portrait
de femme signé H. Coster fecitin Arnhem, et daté 1642 ; et précisément,
M. Bredius avait, depuis peu de temps, rencontré le nom du
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exceptionnelle au xvie sièclepourune œuvre de moyennes dimensions.
Qu’il s’agisse d’une copie plutôt que d'un original, c’est possible
et même probable; ce qui nous parait indubitable, c’est que les éloges
de Lampsonius et de Van Mander nous étonnent, parce que c’est
d’après les incomparables portraits que les critiques de notre temps
ont classé Moro au premier rang.
Quoi d’étrange à ce que, comme tant d’autres de ses confrères,
Moro fût un peintre de sujets religieux froids et compassés, comme
Pourbus et tant d’autres, dont pourtant les portraits sont des pages
de premier ordre.
Il est évident que si le tableau qu’on a vu à Utrecht n’était pas
original, il n’en était pas moins une copie consciencieuse et déjà
ancienne. Si l’original existe toujours, attendons-nous à une décep-
tion le jour où il se retrouvera.
D’après Félibien, le Moro dont il s’agit avait appartenu au prince
de Coudé, après avoir été exhibé à la foire de Saint-Germain pour
de l’argent. A l’appui de ce qui précède, constatons que Joachim
Wettewael, dont les compositions sont des types achevés de mauvais
goût, se révèle, à Utrecht, excellent portraitiste, tandis que Werner
van den Valckert, si pénétrant dans ses portraits, est, sous le rap-
port du maniérisme, un émule de Goltzius, son maître, dans des
créations comme la Toilette de Vénus, morceau d’un grand intérêt,
d’ailleurs, appartenant à M. Hensé, à Zeist.
Un portrait féminin, de 1585, prêté par l’orphelinat réformé, était
encore le meilleur morceau du temps exposé à Utrecht. La dame,
— Elisabeth van Rozen, — représentée de grandeur naturelle, est
vue jusqu’aux genoux, vêtue de noir, coiffée d’un bonnet blanc. La
peinture large et franche est digne de Pierre Aertsen. L’auteur se
faisait sans doute connaître dans une inscription dont les traces
seules persistent.
Il fallait nécessairement attendre du xvne siècle la somme prin-
cipale d’informations que pût nous procurer l’ensemble réuni à
Utrecht.
On sait que sous l’effort d’un groupe de chercheurs patients et
érudits, l’histoire de l’art hollandais s’est enrichie de quantité de
noms auxquels, peu à peu, viennent se rattacher des œuvres donnant
la caractéristique de ces nouveaux venus.
Ainsi, sous le n° 282, on pouvait voir à l’exposition un portrait
de femme signé H. Coster fecitin Arnhem, et daté 1642 ; et précisément,
M. Bredius avait, depuis peu de temps, rencontré le nom du