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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 1
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Ritter, William: Allemagne, Pologne et Italie: correspondance de l'étranger
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0078

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CORRESPONDANCE DE L’ETRANGER.

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dans la marée montante. Jadis son grand panorama de la Crucifixion, du Calvaire
et de Jérusalem fut un noble effort, qui restera peut-être le type signalé des tenta-
tives modernes faites pour accommoder à la vraisemblance archéologique la tradition
chrétienne.

Comme toujours, dans ces correspondances de l'étranger, je laisse de côté les
œuvres françaises que les lecteurs de la Gazette connaissent de reste. Cependant,
comment ne pas au moins mentionner les portraits du précieux et distingué
peintre Aman-Jean, les fermes types espagnols de la première manière de M. Dannat,
les discrets motifs, dont l’ambiance fait tout le charme, de M. de la Gandara, et le
petit nu très poussé de M. Gustave Courtois ?

A la section anglaise nous relevons le Marché marocain, peint à l’emporte-pièce,
de M. F. Brangwyn qui transpose en orange toutes les outrances d’outremer et
de pourpre de son tableau des Boucaniers ; et, par contraste, sir Edward Burne-
Jones qui fait cette année œuvre de peintre métallurgiste avec une adaptation, au
moyen d’appliques de métaux brillants sur fond de chêne, de son fameux Persée
et les Parques.

Parmi les Belges notons de très beaux paysages de M. Victor Gilsoul : l’un surtout,
un ouragan passant sur une longue allée d’arbres, qui est une œuvre réellement
capitale ; et n’oublions pas les grandes compositions historiques et religieuses de
MM. Willem Geets et Ernest Wante.

Dans le grand nombre des paysagistes allemands, deux noms surtout sont à
retenir : M. Fritz Baer, dont le fauve coucher de soleil sur les velours verts des
forêts du Prienthal est une des plus belles œuvres que le plateau de Bavière ait
inspirées; et M. Charles-J. Palmié dont le paysage intitulé Après la pluie le beau
temps, avec des verts mouillés tout jaunis, sous l’arc-en-ciel, est un tour de force
très habile en même temps qu’une saine et bonne observation.

Parmi les Autrichiens nous retrouvons MM. Golz et et Engelhart; et c’est aussi
dans la section autrichienne que se voit le plus beau tableau militaire, sous la
signature d'un polonais, M. Thaddée de Ajdukiewicz, le Détaillé autrichien. Cette
fois-ci, le peintre des archiducs et des beaux cavaliers de la cour de Vienne nous
montre les magnifiques uniformes et le brillant état-major du prince Ferdinand de
Bulgarie, sur des chevaux dessinés dans un paysage brûlé et poudreux bien
oriental; œuvre d’un sportsman émérite autant que d'un artiste.

Pour finir, il faut s’arrêter devant une décoration de salle à manger de M. Paul
Hôcker, où de folâtres pierrots, les yeux et les joues allumés par un fin repas,
achèvent de se griser de champagne et de musique; et devant une belle toile de
M. Dill, président du comité de la Sécession, œuvre dont on ne sait s'il faut la
qualifier de paysage ou de nature morte : le pont Saint-Anclré à Chioggia, ou du
moins une portion de ce pont, peint à bout portant, de nuit; le peintre s'est placé
presque sous l’arche, ce qui fait un peu plafonner la composition. A gauche, tout
au coin, le palo de la madone envoie dans l’eau noire le reflet de son luminaire
pieux, et tout au fond les boutiques de la grand’rue luisent sous les arcades. Le
tout est très sobre, mystérieux et silencieux; c’est un simple morceau, mais de beau-
coup de grandeur, et dégageant bien la poésie des soirées vénitiennes.

Les peintres sécessionnistes munichois, qui préparent une nouvelle exposition à
Vienne pour le mois de décembre, ont aussi organisé cet été à Bâle une petite expo-
sition d'œuvres de choix d’un très grand intérêt pour qui n'a pas vu leurs précé-
 
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