CHAULES LE liRUN.
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plus tard, avec tant de réussite, dans la galerie d’Apollon du Louvre.
Si les peintures de l’antichambre, appelée à présent salon d’Her-
cule, chantent le triomphe de Fouquet, les vertus et les mérites de
l’administrateur font le programme de la salle des Muses, ancienne
chambre à coucher de Mme la surintendante. C’est la pièce maîtresse
du château pour les soins que Le Brun mit à la décorer.
Une composition à plusieurs figures occupe le plafond octogonal
élevésur lacourbe d'une haute voussure. La principale de ces figures,
jeune femme vêtue d’une robe blanche et d’une draperie bleue, monte
au ciel assise sur un nuage, une clef dans une main, dans l’autre un
cachet. C’est la personnification du Secret dont un petit chien, qu’on
dirait sur ses gardes, affirme la Fidélité. Cette abstraction de la
Fidélité se complète dans un mode plus noble, par un fier jeune
homme accompagnant la figure du Secret, la tête entourée d’une
flamme, signe de pureté et d’activité ardente, et la Prudence con-
duit le groupe, le serpent traditionnel à la main. Au-dessus, -voltige
la Vertu héroïque drapée d’écarlate, ailes au dos, bouclier au bras,
lance au poing. Elle désigne Apollon décochant ses flèches contre
l’Envie et autres monstres précipités dans l’obscurité des nues, —
voilà les ennemis de Fouquet prévenus encore une fois sans détour ;
— et Clio, muse de l’Histoire, traverse avec sérénité l’espace. Il
faut vraiment rencontrer dans le goût de l’époque bien des circons-
tances atténuantes pour excuser la hardiesse de certaines métaphores.
La haute courbure des voussures de cette salle développe une sur-
face relativement considérable. Huit muses (la neuvième concourt à
la composition du plafond) sont aux angles, chacune avec ses
accessoires caractéristiques, assises deux par deux auprès de bas-
reliefs peints en des médaillons imitant le bronze, où sont des per-
sonnages qui figurent les Poèmes satyrique, bucolique, héroïque et
lyrique. Au centre de la voussure surmontant l’alcôve, sur champ
d’or, la Victoire des Muses sur les Piérides; en face, entre les deux grandes
fenêtres dont cette paroi est percée, la Victoire des Muses sur les Satyres,
deux compositions rappelant Poussin, et d’une autre main que celle
de Le Brun, dirait-on, quant à l’exécution. Enfin sur les parois en
retour, à droite et à gauche de l’alcôve, au milieu des voussures,
des médaillons peints en camaïeu, flanqués de grands griffons de
bronze rehaussé d’or, des guirlandes de feuillages, des festons de
fleurs, des accessoires remplissent les intervalles.
Les peintures dont on vient de parler glorifient la florissante
fortune de Fouquet; celles de la pièce attenante, beaucoup
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plus tard, avec tant de réussite, dans la galerie d’Apollon du Louvre.
Si les peintures de l’antichambre, appelée à présent salon d’Her-
cule, chantent le triomphe de Fouquet, les vertus et les mérites de
l’administrateur font le programme de la salle des Muses, ancienne
chambre à coucher de Mme la surintendante. C’est la pièce maîtresse
du château pour les soins que Le Brun mit à la décorer.
Une composition à plusieurs figures occupe le plafond octogonal
élevésur lacourbe d'une haute voussure. La principale de ces figures,
jeune femme vêtue d’une robe blanche et d’une draperie bleue, monte
au ciel assise sur un nuage, une clef dans une main, dans l’autre un
cachet. C’est la personnification du Secret dont un petit chien, qu’on
dirait sur ses gardes, affirme la Fidélité. Cette abstraction de la
Fidélité se complète dans un mode plus noble, par un fier jeune
homme accompagnant la figure du Secret, la tête entourée d’une
flamme, signe de pureté et d’activité ardente, et la Prudence con-
duit le groupe, le serpent traditionnel à la main. Au-dessus, -voltige
la Vertu héroïque drapée d’écarlate, ailes au dos, bouclier au bras,
lance au poing. Elle désigne Apollon décochant ses flèches contre
l’Envie et autres monstres précipités dans l’obscurité des nues, —
voilà les ennemis de Fouquet prévenus encore une fois sans détour ;
— et Clio, muse de l’Histoire, traverse avec sérénité l’espace. Il
faut vraiment rencontrer dans le goût de l’époque bien des circons-
tances atténuantes pour excuser la hardiesse de certaines métaphores.
La haute courbure des voussures de cette salle développe une sur-
face relativement considérable. Huit muses (la neuvième concourt à
la composition du plafond) sont aux angles, chacune avec ses
accessoires caractéristiques, assises deux par deux auprès de bas-
reliefs peints en des médaillons imitant le bronze, où sont des per-
sonnages qui figurent les Poèmes satyrique, bucolique, héroïque et
lyrique. Au centre de la voussure surmontant l’alcôve, sur champ
d’or, la Victoire des Muses sur les Piérides; en face, entre les deux grandes
fenêtres dont cette paroi est percée, la Victoire des Muses sur les Satyres,
deux compositions rappelant Poussin, et d’une autre main que celle
de Le Brun, dirait-on, quant à l’exécution. Enfin sur les parois en
retour, à droite et à gauche de l’alcôve, au milieu des voussures,
des médaillons peints en camaïeu, flanqués de grands griffons de
bronze rehaussé d’or, des guirlandes de feuillages, des festons de
fleurs, des accessoires remplissent les intervalles.
Les peintures dont on vient de parler glorifient la florissante
fortune de Fouquet; celles de la pièce attenante, beaucoup