Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Merson, Luc-Olivier: Charles le Brun à Vaux-le-Vicomte et à la Manufacture royale des meubles de la Couronne, 1
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0111

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
102

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

rêt de la compagnie, en faveur du cardinal, élu alors vice-protecteur.
Qui remplacera maintenant le chancelier dans les fonctions de vice-
protecteur? La question avait de l’importance; elle était délicate à
résoudre. Naturellement, à l’Académie, tous les yeux se portèrent
sur Fouquet, indiqué par sa haute situation, qui employait tant d’ar-
tistes rétribués avec une largesse royale. Généreux, aimable, plein
de séductions, il s’imposait. Nul n’eût été surpris ou mécontent du
choix qu’on en eût fait. Nul, non plus, ne songeait à sa disgrâce.
D’autant que le roi, fortement prévenu contre lui dès le premier jour,
sans en rien laisser paraître, lui avait conservé la surintendance des
finances, et, de plus, l’avait appelé à son conseil secret, où il fit
entrer trois ministres seulement.

Eh bien ! guidé par le plus sage des pressentiments, Le Brun
dirigea sur un autre les préférences de l’Académie. Son esprit délié
lui fit-il entrevoir le désastre prochain de cette orgueilleuse fortune,
et, à la fois, découvrir un patron plus modeste en apparence, mais
plus prudent, et autrement capable de favoriser les destinées de la
compagnie? C’est bien possible. Toujours est-il que, en prévision de
l'avantage de l’Académie, il imposa silence à sa réelle affection, à sa
reconnaissance pour Fouquet dans tout l’éclat encore de la puissance,
et pensa à Colbert inconnu à beaucoup 1, sans prestige au dehors, et
sans grand pouvoir au dedans, à ce qu’il semblait. Consulté, le chan-
celier qui voyait le jeune roi prendre goût à Colbert, n’eut point de
peine à agréer celui-ci pour coadjuteur ; l’Académie décida ce que Le
Brun et Séguier voulurent, et, en acceptant le vice-protectorat,
Colbert déclara aux académiciens Testelin et Rabon, venus à Fontai-
nebleau porteurs de l’offre officielle de la dignité, qu’il saurait tra-
vailler à l’accroissement de l’Académie et à l’affermissement de ses
privilèges. La promesse était sincère. Elle fut tenue avec une scru-
puleuse fidélité.

Or, il importe de remarquer ceci : les pourparlers qui précédèrent
le choix de l’Académie occupèrent plusieurs semaines, se prolongè-
rent durant tout le mois d’août, quand le crédit du surintendant
paraissait encore assuré, et la nomination du nouveau vice-protecteur
se fit le 2 septembre, trois jours avant l’arrestation inopinée de 1

1. On le connaissait assez peu à l’Académie pour que le secrétaire, Henri Tes-
telin, écrivît d’abord son nom, tantôt Colebert, tantôt Colber (Y. Procès-verbaux
de l'Académie royale, séances des 24 septembre et 3 décembre 1661, du 7 jan-
vier 1662).
 
Annotationen