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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 2
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Lefort, Paul: Le Musée du Prado, [11], L'école espagnole, 3: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0142

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Notons aussi quelques ouvrages d’ignacio 'Iriarte (1602-1685),
élève, comme Velâzquez, de Herrera le Vieux. Iriarte, après avoir
tenté les grandes compositions sans aucun succès, limita sagement
son ambition à peindre le paysage. Murillo, dont il s’assimila assez
heureusement la douceur de coloris et la souplesse de pinceau, a
souvent étoffé ses tableaux en les animant de quelque scène de la
Bible ou de l’Evangile. Iriarte comprenait le paysage à la manière
des peintres contemporains, c'est-à-dire composé et conventionnel,
recherchant l’effet décoratif.

Les éclatants et si légitimes succès que Murillo obtenait à Séville
et qui lui valaient, de la part du haut clergé, des ordres religieux et
des riches particuliers, d’incessantes commandes, lui avaient fait,
parmi ses émules, d’implacables ennemis. Celui de tous qui se montra
le plus hargneux fut Juan de Valdès Leal (1630-1691). Toutefois,
son humeur insociable et jalouse n'empèche pas qu’il ne soit un vrai
peintre dont l’originalité s’accuse fortement dans une note de natu-
ralisme qui, parfois, dépasse en violence et en horreur Ribera lui-
même. La présentation de la Vierge au Temple et VEmpereur Constantin
en prières, que possède le Prado, sont d’un style et d’une exécution
qui viseraient plutôt à rappeler Murillo. C’est à Séville, à l’hôpital
de la Caridad et devant son tableau des Deux cadavres, qu’il faut
aller pour connaître la vraie manière du farouche Valdès Leal.

Une seule œuvre de Herrera le Jeune (1622-1685), autre émule de
Murillo, que la jalousie qu’il conçut contre son triomphant rival
amena à quitter Séville, existe au Prado. Elle représente VApothéose
de saint Herménégïlde, et c’est une composition fastueuse, inspirée du
thème déjà traité par Herrera le Vieux au collège des Jésuites, à
Séville, mais combien inférieure ! Ce qui, chez le père, était exubé-
rance et force, n’est déjà plus, chez le fils, qu’affectation, impuissance
et manière. Ayant de bonne heure abandonné l’atelier de son père
pour s’enfuir en Italie, Herrera n’en avait rapporté que ce qui s’y
pratiquait alors : l’art de produire vite à l’aide de formules toutes
faites. Cet artiste a le triste privilège de commencer, en Espagne,
l’ère de décadence de la peinture, décadence que l’arrivée de Luca
Giordano, appelé à l’Escurial par Charles II, allait singulièrement
accentuer encore.

Cependant, un peintre d'un véritable mérite, Claudio Coëllo
(1623-1694) défendait encore les saines traditions de l’école natura-
liste contre les désastreuses tendances de Herrera le Jeune et les
méthodes expéditives du trop fécond Luca fa presto. On sait que le
 
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