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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 2
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Lefort, Paul: Le Musée du Prado, [11], L'école espagnole, 3: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0144

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134

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

celui de Marianne d'Autriche, veuve de Philippe IV, représentée dans son
costume de deuil, sobrement mais grandement traité. De son meilleur
élève, Sébastien Munoz, qui fut le peintre de Marie-Louise d’Orléans,
femme de Charles II, nous trouvons, au Prado, le propre portrait de
l’artiste, d’une exécution singulièrement attirante.

Parmi les élèves de seconde main de Murillo, imitateurs plus ou
moins heureux de ses méthodes, nous devons signaler la copie d’un
portrait du maître, dont l’original est perdu, copie exécutée avec
une grande habileté par Miguel de Tobar (1678-1758), et une peinture
intitulée : La divine bergère, par German de Llorente, où la Vierge,
sous le costume d’une pastourelle, garde, contre les attaques des
loups ravisseurs, de blanches ouailles, qui lèvent vers elle leur bouche
ornée d’une rose; cette toile montre bien où devait aboutir, chez les
imitateurs, le mysticisme un peu trop alangui du maître et comme,
rapidement, il devait dégénérer en concetti niais, en symboles quin-
tessenciés et fadement précieux.

Pour terminer l’énumération des ouvrages des maîtres appar-
tenant au xvne siècle et ne se rattachant à aucun des artistes précé-
demment désignés, il nous reste à mentionner quelques peintures
notables; par exemple : La vision d’Ézéchiel, par Francisco Collantes
(1599-1656); Un combat naval entre Barbaresgues et Espagnols et un
Débarquement de pirates, mouvementé et très pittoresque, par le
capitaine Juan de Toledo; La Madeleine en extase, par José Antolinez
(1639-1676), qui ne doit pas être confondu avec Antolinez de Sarabia,
un des nombreux sectateurs de la manière de Murillo; Le tribut de
César, par Arias Fernandez ( ? -1684) ; des paysages avec des trou-
peaux, par Orrente; une composition allégorique à la Pacification des
Flandres, pac Juan Bautista Mayno (ces deux derniers sont élèves du
Greco, mais n’imitent que sa première manière) ; Saint Jérôme méditant,
par Antonio Pereda (1599-1669), dont nous retrouverons le chef-
d’œuvre à l’Académie de San-Fernando, et enfin quelques excellents
tableaux de Fleurs de Juan de Arellano et de son gendre, Bartolomé
Pérez.

Après Claudio Coëllo, mort de chagrin en voyant le stupide
engouement dont les ouvrages de Luca Giordano étaient l’objet de la
part de la cour et de Charles II étayant, d’ailleurs, la juste notion du
mal profond que les pratiques de l’Italien allaient causer parmi les
jeunes artistes, c’est la décadence absolue et c’est bientôt le néant.
Quand Philippe V, le petit-fils de Louis XIV, voulut faire décorer les
palais qu’il faisait élever à Madrid et à San Ildefonso, il ne trouva
 
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