LA DÉCORATION DE VERSAILLES AU XVIIR SIÈCLE. 2f>7
entièrement refaite pour Marie Leczinska. Or, le xvme siècle n’a
pas été étudié à Versailles comme l’a été le xvne, ou plutôt on a,
pour cette période, remplacé le document par l’hypothèse et l’hypo-
thèse par la fantaisie. Ce n’est pas seulement l’histoire artistique du
Château qui reste à faire; on en ignore aussi l’histoire intime,
l’exacte topographie, les transformations amenées par les innom-
brables remaniements qui se succédaient sans cesse pour les besoins
de la Cour ou simplement les caprices des princes. Cette étude
préalable sur les appartements, d’ailleurs utile au point de vue de
l’histoire anecdotique, devra être une introduction nécessaire aux
recherches d’art.
Le précieux catalogue du Musée de Versailles, auquel M. Soulié
a attaché son nom, renferme sur les pièces du Château quelques
indications généralement exactes; mais elles sont en très petit
nombre, et on ne saurait en faire un reproche à l’auteur qui les
donne par surcroît. Le livre de M. Dussieux a des plans commodes
et bien choisis et de vastes ambitions; mais le texte fourmille d’er-
reurs, de lacunes, de désignations arbitraires, de légendes; tout
demande à y être contrôlé et à peine peut-il servir de guide pro-
visoire. Les sources imprimées et d’accès plus facile ont été
incomplètement utilisées par cet écrivain; à plus forte raison
a-t-il ignoré les ressources inédites qu’offrent au chercheur les
archives de la Maison du Roi, conservées aux Archives Natio-
nales.
C’est dans ce dépôt que sont les véritables éléments de l’histoire
des maisons royales. On y trouve, dans un classement encore défec-
tueux, il est vrai, mais avec une abondance plutôt excessive, tous
les renseignements qu’on peut souhaiter sur Versailles : projets,
plans, devis, dessins, mémoires, comptes, correspondances, tout ce
qui se rapporte à la construction, à la décoration, à l’administration,
à la vie intérieure du Château jusqu’à la Révolution. On pourrait
presque écrire l’histoire décorative du palais en se servant seule-
ment de deux de ces sources, les Comptes des bâtiments du Roi,
à peine consultés pour quelques années du xvme siècle, et la cor-
respondance entretenue par le directeur général et le premier
architecte avec leurs agents de Arersailles. Cette histoire, je n’ai
pas l’ambition de l’écrire ici ; je veux seulement grouper des
notes pour mettre en lumière quelques points nouveaux et faire
connaître aux amis de l’art français quelques œuvres et quelques
artistes.
entièrement refaite pour Marie Leczinska. Or, le xvme siècle n’a
pas été étudié à Versailles comme l’a été le xvne, ou plutôt on a,
pour cette période, remplacé le document par l’hypothèse et l’hypo-
thèse par la fantaisie. Ce n’est pas seulement l’histoire artistique du
Château qui reste à faire; on en ignore aussi l’histoire intime,
l’exacte topographie, les transformations amenées par les innom-
brables remaniements qui se succédaient sans cesse pour les besoins
de la Cour ou simplement les caprices des princes. Cette étude
préalable sur les appartements, d’ailleurs utile au point de vue de
l’histoire anecdotique, devra être une introduction nécessaire aux
recherches d’art.
Le précieux catalogue du Musée de Versailles, auquel M. Soulié
a attaché son nom, renferme sur les pièces du Château quelques
indications généralement exactes; mais elles sont en très petit
nombre, et on ne saurait en faire un reproche à l’auteur qui les
donne par surcroît. Le livre de M. Dussieux a des plans commodes
et bien choisis et de vastes ambitions; mais le texte fourmille d’er-
reurs, de lacunes, de désignations arbitraires, de légendes; tout
demande à y être contrôlé et à peine peut-il servir de guide pro-
visoire. Les sources imprimées et d’accès plus facile ont été
incomplètement utilisées par cet écrivain; à plus forte raison
a-t-il ignoré les ressources inédites qu’offrent au chercheur les
archives de la Maison du Roi, conservées aux Archives Natio-
nales.
C’est dans ce dépôt que sont les véritables éléments de l’histoire
des maisons royales. On y trouve, dans un classement encore défec-
tueux, il est vrai, mais avec une abondance plutôt excessive, tous
les renseignements qu’on peut souhaiter sur Versailles : projets,
plans, devis, dessins, mémoires, comptes, correspondances, tout ce
qui se rapporte à la construction, à la décoration, à l’administration,
à la vie intérieure du Château jusqu’à la Révolution. On pourrait
presque écrire l’histoire décorative du palais en se servant seule-
ment de deux de ces sources, les Comptes des bâtiments du Roi,
à peine consultés pour quelques années du xvme siècle, et la cor-
respondance entretenue par le directeur général et le premier
architecte avec leurs agents de Arersailles. Cette histoire, je n’ai
pas l’ambition de l’écrire ici ; je veux seulement grouper des
notes pour mettre en lumière quelques points nouveaux et faire
connaître aux amis de l’art français quelques œuvres et quelques
artistes.