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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 4
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Mély, Fernand de: Questions d'art: à propos de l'exposition des arts réligieux à Lyon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0332

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

315

dans leurs destinations particulières, le but qu’ils se doivent pro-
poser. A ce point de vue, il était fort intéressant d’étudier, dans un
cadre restreint, des productions artistiques généralement dispersées
dans les expositions, qui se trouvaient rapprochées pour un jour,
au sortir de l’atelier, avant de s’en aller aux quatre coins du monde,
emportant cependant toujours avec elles le lien du sentiment reli-
gieux d’où elles tirent leur origine.

De mes interminables stations dans la basilique de Chartres, de
mes longues admirations de ses vitraux incomparables, il m’est resté
le plus séduisant souvenir. Est-ce pour cela que mes yeux ne peuvent
se détacher de ces panneaux de saint Jacques, de l’Enfant prodigue,
de la Vierge de la belle verrière, du Laboureur de Nogent, qui
garnissent tout le côté gauche de l’entrée du pavillon? Et pourtant,
où sont les finesses, où sont les délicatesses dans ces exactes copies
des verrières chartraines du xme siècle, si admirablement repro-
duites par M. Champigneulle ?

A droite, au contraire, voici les rendus les plus poussés, la
grâce unis à la couleur douce de l’école des Pinaigrier, des Linard
Gonthier, des Japonais même, dans ces imitations de stores de soie,
véritables trompe-l’œil. De ce côté, on a besoin d’examiner de près,
on s’approche pour distinguer l’expression des visages, pour étudier
un détail minutieux. Mais il semble qu’une magnétique puissance
vous attire ; sans résistance possible on tourne la tête, et de loin on
regarde, on regarde encore les éclatantes colorations des vitraux du
xme siècle. Peu à peu, le dessin disparait complètement dans une
auréole lumineuse; l'histoire, pour employer le mot du temps, se
fond et s’incorpore dans une harmonie colorée, dont le charme vous
séduit en vous pénétrant jusqu’aux moelles.

Qu’on m’appelle décadent: que M. E.-M. de Vogué, tout en se
jouant, nous annonce des concerts futurs où les vibrations des harpes
et des luths, s’associant aux mélodies visuelles, charmeront les doux
hallucinés du D1' Blanche; que m’importe ! Etaient-ils hallucinés ces
évêques, ces abbés, tout ce peuple enfin qui, pendant le moyen âge,
berçaient leurs yeux dans les flots lumineux versés par le soleil des
hautes fenêtres de nos cathédrales gothiques, alors que les majestés
du chant grégorien remplissaient les longues voûtes de leur sévère
simplicité? Furent-ils décadents, lorsqu'ils remplacèrent les épaisses
et sombres murailles romanes par ces dentelles lumineuses qui réuni-
rent alors, pour la plus grande gloire du Sauveur, les mélodies de la
 
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