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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

DOI issue:
Nr. 5
DOI article:
Marx, Roger: Les salons de 1895, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0372

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354

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

I

Sans s’aventurer dans les ténèbres d’un passé lointain, la destinée
du naturalisme peut être proposée en exemple. Son action, qui dure
encore, défend toute conclusion sur le prix de l’apport, sur l’avan-
tage des franchises conquises; mais déjà l’examen des origines et
des tendances relève de l’histoire. Elle dira que le véritable
précurseur de l’école, en ce siècle, fut Louis David et que la reven-
dication des droits de la vérité se trouve incluse — la préface de
Cromwell en témoigne — dans le programme du romantisme.
Programme large et libéral, trop vaste pour être rempli, trop élevé
pour ne pas être altéré dans son sens initial et que l'incompréhensivité
devait ridiculement faire aboutir à la recherche voulue du pitto-
resque, à la figuration mal informée d’une époque. Plutôt que de se
courber sous le joug d’une convention, l’esprit français s’insurge; il en
appelle à ce qui l’entoure; il oppose aux fictions du passé le réel, le
présent. Quel dommage que la tourmente révolutionnaire ne veuille
pas édifier, mais saper et détruire! On excommunie la foi ; on
s’empresse à prononcer les déchéances. Mortes la poésie, l’imagi-
nation, et pour toujours abolies les suggestions demandées an drame
des lettres ou de l’histoire ! Un nouveau dogme est fondé, bientôt
intolérant et proscripteur à son tour; l’œuvre d’art devient « le
constat de l’état physiologique d’un peuple », selon Taine, et d’après
Zola « un coin de la création, vu à travers un tempérament ».
« L’homme et la nature, voilà le point de l’universalité d’où il est
enjoint au peintre de tirer la substance et la matière de son œuvre. »
Ainsi l’humiliation d’une contrainte ne fut épargnée que pour infliger,
à brève échéance, l’opprobre d’une autre servitude; le romantisme
décadent avait réclamé les tumultes de l’âme, les évocations rétro-
spectives; le naturalisme allait parquer l’invention dans le domaine
du tangible, du matériel, décréter qu’il n’était point de salut hors la
vérité.

Et quelle est cette vérité? Non point celle qn’Alfred de Vigny
définit « Làme de tous les arts, un choix des signes caractéristiques
dans toutes les beautés et toutes les grandeurs du vrai visible, une
somme complète de ses valeurs », c’est la vérité qui ne se préoccupe
que du fait brutal « sans en comprendre l’importance relative et
sans en noter les répercussions », c’est la vérité littérale, extérieure,
 
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