ISABELLE D’ESTE ET LES ARTISTES DE SON TEMPS. 393
Malgré la date 1522, qu’on lit encore sur la frise du cortile de la
marchesana, nous avons déjà prouvé par des assertions des contem-
porains dont on pourrait multiplier le nombre, que, dès les premières
années du xve siècle, Isabelle avait sa bibliothèque dans la grotta;
nous savons en outre par la marquise elle-même que Mantegna avait
contribué à décorer de ses œuvres les deux salles réservées aux
collections de peinture. Or, Mantegna étant mort en 1506, il faut
reculer les relations personnelles d’Isabelle avec le peintre des
Triomphes avant la fin du xve siècle : qui oserait dire d’ailleurs que
la main défaillante du grand vieillard aurait pu peindre pour elle
après l’année 1500 et le Parnasse et la Sagesse victorieuse des vices,
ces deux chefs-d’œuvre de notre galerie italienne, faits pour Isabelle
spécialement ?
La correspondance avec les peintres qui ont décoré le studiolo va
nous aider à préciser le moment où la marquise noua ses relations
avec eux et comment elles s’établirent.
MANTEGNA DANS LE STUDIOLO (1493-1497).
Cinq artistes d’élection, entre tous ceux auxquels Isabelle a
demandé une œuvre de leur main, ont dû contribuer à décorer son Stu-
diolo : Mantegna d’abord, le Pérugin, Giovanni Bellini et Lorenzo
Costa, auxquels plus tard vint se joindre Francesco Raibolini, dit le
Francia. Les toiles que la princesse leur a demandées ont été succes-
sivement déplacées, puisque nous les retrouverons adaptées aux
murs du paradiso, résidence dernière de la marquise de Mantoue;
mais si on se rend compte qu’à l’époque où Mantegna n’était plus de
ce monde, Frédéric, cinquième marquis et duc, qui devait construire
pour sa mère la partie de la reggia donnant sur les jardins du Padi-
glione nommé paradiso était à peine né, on comprendra que c’est bien
dans le castello d'abord et, plus tard, dans la grotta même, qu’ont dû
Battista Intra s’y rallie. Nous trouvons le motto disposé d’une autre façon sur un
petit bas-relief du palais de Revere transporté au Musée de Mantoue, qui est une des
représentations les plus intéressantes au point de vue iconographique parce qu’elle
est exquise, et surtout parce qu’elle nous donne le portrait authentique de Margue-
rite de Bavière, mariée en 1463 à Frédéric 1er le fugitif, üls de Louis H, représenté
dans la fresque de la sala dei sposi. On sera frappé de la ressemblance de ce beau
profil avec la première gravure sur bois imprimée en couleur que M. Eugène
Piot possédait, et qui est aujourd’hui une des plus précieuses images du Cabinet
des estampes de Berlin. Nous le reproduisons en tête de cet article.
XIII. — 3e PÉRIODE.
30
Malgré la date 1522, qu’on lit encore sur la frise du cortile de la
marchesana, nous avons déjà prouvé par des assertions des contem-
porains dont on pourrait multiplier le nombre, que, dès les premières
années du xve siècle, Isabelle avait sa bibliothèque dans la grotta;
nous savons en outre par la marquise elle-même que Mantegna avait
contribué à décorer de ses œuvres les deux salles réservées aux
collections de peinture. Or, Mantegna étant mort en 1506, il faut
reculer les relations personnelles d’Isabelle avec le peintre des
Triomphes avant la fin du xve siècle : qui oserait dire d’ailleurs que
la main défaillante du grand vieillard aurait pu peindre pour elle
après l’année 1500 et le Parnasse et la Sagesse victorieuse des vices,
ces deux chefs-d’œuvre de notre galerie italienne, faits pour Isabelle
spécialement ?
La correspondance avec les peintres qui ont décoré le studiolo va
nous aider à préciser le moment où la marquise noua ses relations
avec eux et comment elles s’établirent.
MANTEGNA DANS LE STUDIOLO (1493-1497).
Cinq artistes d’élection, entre tous ceux auxquels Isabelle a
demandé une œuvre de leur main, ont dû contribuer à décorer son Stu-
diolo : Mantegna d’abord, le Pérugin, Giovanni Bellini et Lorenzo
Costa, auxquels plus tard vint se joindre Francesco Raibolini, dit le
Francia. Les toiles que la princesse leur a demandées ont été succes-
sivement déplacées, puisque nous les retrouverons adaptées aux
murs du paradiso, résidence dernière de la marquise de Mantoue;
mais si on se rend compte qu’à l’époque où Mantegna n’était plus de
ce monde, Frédéric, cinquième marquis et duc, qui devait construire
pour sa mère la partie de la reggia donnant sur les jardins du Padi-
glione nommé paradiso était à peine né, on comprendra que c’est bien
dans le castello d'abord et, plus tard, dans la grotta même, qu’ont dû
Battista Intra s’y rallie. Nous trouvons le motto disposé d’une autre façon sur un
petit bas-relief du palais de Revere transporté au Musée de Mantoue, qui est une des
représentations les plus intéressantes au point de vue iconographique parce qu’elle
est exquise, et surtout parce qu’elle nous donne le portrait authentique de Margue-
rite de Bavière, mariée en 1463 à Frédéric 1er le fugitif, üls de Louis H, représenté
dans la fresque de la sala dei sposi. On sera frappé de la ressemblance de ce beau
profil avec la première gravure sur bois imprimée en couleur que M. Eugène
Piot possédait, et qui est aujourd’hui une des plus précieuses images du Cabinet
des estampes de Berlin. Nous le reproduisons en tête de cet article.
XIII. — 3e PÉRIODE.
30