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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 5
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Merson, Luc-Olivier: Charles le Brun à Vaux-le-Vicomte et à la Manufacture royale des meubles de la Couronne, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0422

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CHARLES LE BRUN.

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plie; l’idée créatrice n’a plus autant de grâce, le style autant de
souplesse ni de charme. Néanmoins l’orfèvrerie du xvne siècle eut un
cachet indéniable de grandeur robuste. Ses caprices, un peu empha-
tiques, inclinèrent plus à la force qu’à la légèreté, mais il y eut bien
de l’art dans la symétrie sans froideur de leurs ajustements, dans
l’ordre de leurs combinaisons, et, il faut le redire, sous le rapport de
l’exécution matérielle, ils n’eurent à redouter pas une comparaison.
L’orfèvrerie jouit alors d’une vogue telle qu’elle n’en avait point
connu de pareille. Le roi l’aimait; les courtisans ne purent faire
autrement que de paraître l’aimer aussi. L'orfèvrerie religieuse pro-
fita dans une large mesure de ce développement du goût pour les
riches objets. L’orfèvrerie profane et de table y gagna davantage.
Cependant, c’est dans l’ameublement de Versailles que les orfèvres
trouvèrent surtout occasion de créer des merveilles.

« Il y avoit là, dit Perrault, des tables d’une sculpture et d’une
ciselure si admirables que la matière, toute d’argent et toute pesante
qu’elle estoit, faisoit à peine la dixième partie de leur valeur.
C’estoient des torchères ou de grands guéridons de huit à neuf pieds
de haut, pour porter des flambeaux ou des girandoles ; de grands
vases pour mettre des orangers et de grands brancards pour les porter
où on auroit voulu; des cuvettes, des chandeliers, des miroirs, tous
ouvrages dont la magnificence, l’élégance et le bon goust estoient
peut-être une des choses du royaume qui donnoient une plus juste
idée de la grandeur du prince qui les avoit fait faire L »

De son côté, la Gazette de 1667 rend compte de la visite du roi, le
15 octobre, à sa manufacture des Gobelins : « La grande cour étoit
tendue des superbes tapisseries qui s’y fabriquent, avec un buffet de
neuf toises de long (près de dix-huit mètres), et élevé de douze degrés,
sur lequel étoient disposés, d’une manière aussi ingénieuse que
magnifique, les riches ouvrages d’orfèvrerie qui se font dans le même
lieu. Ce buffet étoit composé de vingt-quatre grands bassins chacun
avec son vase, d’autant de brancards pour les porter, de deux cuvettes
chacune de cinq à six pieds de diamètre, de quatre grands guéridons,
de vingt-quatre vases à mettre des orangers, et plusieurs aulres
pièces, le tout d’argent ciselé... »

En d’aussi brèves paroles, l’écrivain de la Gazette et Perrault ne
pouvaient énumérer tout ce qui composait « la grosse argenterie du
roi ». Us ne soufflent mot des scabellons sur lesquels on posait les 1

1. Les hommes illustres qui ont paru en France pendant le siècle.

— 3e PÉRIODE.

XTIT.

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