CHARLES LE BRUN.
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véracité desquels on ne saurait reprendre. D’autre part, dans la
tenture dite des «Maisons royales», en partie gravée et plusieurs fois
exposée, se reconnaissent au premier regard quelques-unes des pièces
principales : dans la tapisserie du Château des Tuileries, un brancard
et son plateau exactement conformes à ceux décrits plus haut d’après
« l'Inventaire général », exécutés par Du Tel ; même tapisserie, un
des deux grands seaux faits par Milliers, inscrits à « l'Inventaire »
sous les numéros 690, 693 : dans la tapisserie du Château de Madrid
un de ces énormes vases d’argent à mettre des orangers dont il
a été parlé, celui-ci du travail de Du Tel (n° 666); dans la tapisserie
du Château du Louvre, la grande nef d'or qui contenait les couteaux,
cuillers, fourchettes, serviettes, de Sa Majesté, devant laquelle les
courtisans devaient s’incliner en passant, l’étiquette l’ordonnait, le
plus bel ornement du couvert royal, ciselée par Jean Gravet sur
le dessin de Le Brun et le modèle cire et bois du sculpteur
Magnier.
Cette tenture des « Maisons royales », appelée aussi « des Mois »,
composée de douze pièces et de huit entre-fenêtres, contient d’autres
types de la « grosse argenterie », sans qu’on puisse dire pourtant à
quels numéros de « l’Inventaire » il faut les rapporter ; mais, chose
tout à fait probable, chacun reproduit un modèle existant alors,
ou bien a servi lui-même de modèle à quelque orfèvre habile des
Gobelins ou du Louvre.
A Baptiste Monnoyer, à Blain de Fontenay on est également rede-
vable de nombreux témoignages de cet art grandiose. Car ils n’inven-
tèrent point les somptueux vases d’argent et d’or qu’ils remplirent
de fleurs en leurs tableaux, en ayant de tout faits sous la main, aux
Gobelins où ils étaient logés l’un et l’autre. Il s’en trouve à
Versailles, choisis parmi les plus beaux, au plafond, peint par
Houasse, de la salle dite de « l’Abondance », et Le Brun ne se
fit pas faute d’utiliser ces produits superbes de la Manufacture, qui
ui appartenaient en définitive, par droit d’invention, dans plusieurs
pièces de « l'Histoire du roi ». Je signale, comme utiles à consulter
sons ce rapport, la Réparation faite à Louis XIVpar le doge de Gênes,
— le Baptême du dauphin, — la Naissance du duc de Bourgogne, — la
Réparation faite à Louis XIV par le roi d'Espagne, — VAudience donnée
par Louis XIV au cardinal Chigi.
Toutefois, de cette intéressante série, la pièce qui doit le plus
éveiller la curiosité et la satisfaire, du point de vue où nous sommes
placés en ce moment, c’est celle qui représente la visite du Roi à la
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véracité desquels on ne saurait reprendre. D’autre part, dans la
tenture dite des «Maisons royales», en partie gravée et plusieurs fois
exposée, se reconnaissent au premier regard quelques-unes des pièces
principales : dans la tapisserie du Château des Tuileries, un brancard
et son plateau exactement conformes à ceux décrits plus haut d’après
« l'Inventaire général », exécutés par Du Tel ; même tapisserie, un
des deux grands seaux faits par Milliers, inscrits à « l'Inventaire »
sous les numéros 690, 693 : dans la tapisserie du Château de Madrid
un de ces énormes vases d’argent à mettre des orangers dont il
a été parlé, celui-ci du travail de Du Tel (n° 666); dans la tapisserie
du Château du Louvre, la grande nef d'or qui contenait les couteaux,
cuillers, fourchettes, serviettes, de Sa Majesté, devant laquelle les
courtisans devaient s’incliner en passant, l’étiquette l’ordonnait, le
plus bel ornement du couvert royal, ciselée par Jean Gravet sur
le dessin de Le Brun et le modèle cire et bois du sculpteur
Magnier.
Cette tenture des « Maisons royales », appelée aussi « des Mois »,
composée de douze pièces et de huit entre-fenêtres, contient d’autres
types de la « grosse argenterie », sans qu’on puisse dire pourtant à
quels numéros de « l’Inventaire » il faut les rapporter ; mais, chose
tout à fait probable, chacun reproduit un modèle existant alors,
ou bien a servi lui-même de modèle à quelque orfèvre habile des
Gobelins ou du Louvre.
A Baptiste Monnoyer, à Blain de Fontenay on est également rede-
vable de nombreux témoignages de cet art grandiose. Car ils n’inven-
tèrent point les somptueux vases d’argent et d’or qu’ils remplirent
de fleurs en leurs tableaux, en ayant de tout faits sous la main, aux
Gobelins où ils étaient logés l’un et l’autre. Il s’en trouve à
Versailles, choisis parmi les plus beaux, au plafond, peint par
Houasse, de la salle dite de « l’Abondance », et Le Brun ne se
fit pas faute d’utiliser ces produits superbes de la Manufacture, qui
ui appartenaient en définitive, par droit d’invention, dans plusieurs
pièces de « l'Histoire du roi ». Je signale, comme utiles à consulter
sons ce rapport, la Réparation faite à Louis XIVpar le doge de Gênes,
— le Baptême du dauphin, — la Naissance du duc de Bourgogne, — la
Réparation faite à Louis XIV par le roi d'Espagne, — VAudience donnée
par Louis XIV au cardinal Chigi.
Toutefois, de cette intéressante série, la pièce qui doit le plus
éveiller la curiosité et la satisfaire, du point de vue où nous sommes
placés en ce moment, c’est celle qui représente la visite du Roi à la