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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 5
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Mabilleau, Léopold: La peinture franc̦aise au musée de Madrid, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0441

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LA PEINTURE FRANÇAISE AU MUSEE DE MADRID. 419

ment d’ordre secondaire, nullement comparable à l’Embarquement
pour Cjjthère, c'est là qu’il faut regarder si l’on veut prendre une
juste idée du coloris de Watteau, souvent amorti et assombri dans
les tableaux du Louvre. La dame en robe jaune, qui s’éloigne dans
le bois avec un cavalier vêtu de soie changeante, où le zinzolin se
marie à la fraise écrasée, témoigne d’une virtuosité sans égale.

La Fête champêtre, dont une répétition plus chargée de person-
nages se trouve dans la galerie du prince d’Arenberg, à Bruxelles,
est de composition moins simple et d’exécution moins sûre : mais
quel amusement pour les yeux, quelle détente pour l’esprit!

Largillière et Nattier étaient aussi mis à contribution. Parmi les
quatre tableaux du premier que le Prado conserve, le portrait do
la Princesse figurant Léda aurait mes préférences : le visage, où se
reconnaît la manière caractéristique du peintre, est d’un charme
innocent peu en harmonie avec la fable évoquée; l’ensemble de la
composition, qui comprend un amour, une nymphe et un paysage,
est très décoratif. L’Infante Anne-Victoire, d’abord fiancée à Louis XV,
puis mariée au roi de Portugal, n’avait que six ans quand, en 1721,
Philippe V l’envoya à la cour de France comme une sorte d’otage
témoignant de ses bons desseins : c’est alors que Largillière la
peignit, en robe lamée d’argent, la main posée sur un coussin où
repose la couronne qu’elle 11e devait jamais porter L

Les portraits de M. Nattier sont peu connus et mal déterminés.
Ni Viardot, ni Clément de Ris, ni Dussieux ne les mentionnent; cer-
tains catalogues les attribuent au frère du grand peintre, à Jean-
François; d’autres se contentent de les citer comme de mauvaises
toiles. On sait, par les registres de commandes royales 1 2, que trois
tableaux de Jean-Marc Nattier ont dû être envoyés à Mme Infante,
avant un départ d’Espagne pour Parme; à savoir : en 1746, un por-
trait de Mme Henriette de France jouant de la viole et un autre de
Mme Adélaïde: en 1748, un portrait du Dauphin en son costume
d’armes de Fontenoy. Et l’on est tenté d’identifier le premier de ces
portraits avec le n° 2029 du Prado (jeune princesse vêtue de rose,
avec une sorte de lyre à la main) : le second avec le n° 2028 (prin-*-
cesse de la maison de France, en robe rouge et manteau bleu fleur-

1. Je n’aime pas du tout le portrait d'Isabelle-Christine de Brunswick, d’exécu
tion dure et lâchée tout ensemble.

2. Notes communiquées par M. Fernand Engerand, qui poursuit sur ces com-
mandes d’intéressantes recherches dont nos lecteurs profiteront bientôt.
 
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