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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 6
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Lefort, Paul: L' Académie de San Fernando, [1]: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0503

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L’ACADEMIE DE S AN-FERNANDO.

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rentra en possession des nombreuses peintures que, quelques années
auparavant, Napoléon Ier avait ordonné au roi Joseph de faire diriger
sur le Musée du Louvre. Quelques-unes, notamment les admirables
Murillo qui sont l’orgueil de la collection, enlevées naguère aux
églises et aux couvents de Séville, ne reprirent pas le chemin de
l’Andalousie et, à titre provisoire, demeurèrent sous la garde de
l’Académie. Ce provisoire dure encore ; l’Académie, jugeant sans
doute que possession vaut titre, s’obstine à faire la sourde oreille
aux revendications de Séville. Tel est, sommairement résumé,
l’historique de la formation de la peu nombreuse, mais bien intéres-
sante galerie de peintures que conserve, dans ses locaux de la Galle
Alcalà, l’Académie des beaux-arts de San-Fernando.

Aucun ordre, aucun classement chronologique ou par écoles n'a
présidé à l’arrangement de la collection, placée, entassée, pour dire
le vrai, dans des salles non disposées en vue de sa présentation, et où
les toiles italiennes, flamandes et hollandaises coudoient les espa-
gnoles et les françaises dans un pêle-mêle de la plus capricieuse
incohérence. Cosas de Espana. Mais qu’importe ! il y a là tel ouvrage
qui ferait grande figure au Musée du Prado; il en est même plusieurs
qui lui font absolument défaut et que ses directeurs ont mainte fois,
croyons-nous, tenté d’obtenir. Mais, en Espagne, il en va comme il
en irait chez nous en semblable occurrence. Il faudrait noircir des
montagnes de paperasses administratives pour en arriver à exproprier
l’Académie au nom d’un intérêt supérieur, et comme rien de tel ne
se tente, le Musée du Prado demeure condamné à ne pouvoir présenter
à ses visiteurs la suite chronologique et complète des productions de
l’école nationale.

L’Académie de San-Fernando ne possède point de peintures des
primitifs espagnols. C’est, autre anomalie, à l’Académie de l’Histoire
qu’il faut aller pour les étudier; encore est-il que les spécimens
qu’elle a recueillis ne sont pas très nombreux, guère davantage
qu’au Musée du Prado.

Le maître le plus ancien en date qui soit représenté à T Académie
de San-Fernando est Luis de Moralès, eldivino Moralès (1509?-1586).
C’est une Pietà qu’il nous montre, c’est-à-dire une représentation de
la Vierge, affaissée au pied de la croix et soutenant dans ses bras le
corps de son divin Fils. C’est là un des sujets qu’a surtout affectionnés
l’austère et pieux artiste et celui qu’il a toujours rendu avec
le plus de sentiment. Comme dans tous les ouvrages appartenant
à sa seconde manière, Moralès semble bien procéder ici et s’inspirer
 
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