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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
déposer aux archives de sa ville. Par contre, une correspondance
volumineuse échangée entre l’administration valenciennoise et Saly
a été conservée au dépôt municipal et M. Paul Foucart en a tiré une
très curieuse notice publiée en 1888 1. Mais, si intéressant que soit le
débat soulevé en 1766 au sujet des bas-reliefs non exécutés par
Saly. la pièce initiale du dossier, c’est-à-dire la lettre du 1er mai dans
laquelle nous avons puisé un si grand nombre de renseignements
biographiques sur l’artiste, est encore inédite, et son étendue ne
permet pas de la publier ici.
Saly, nous l'avons vu, vécut en Italie de 1740 à 1748. Outre
la copie de YAntinoïis que De Troy proclamait excellente et qui fut
placée au Louvre en 1750, l’artiste exécuta pendant son séjour
à Rome le buste de jeune fille acquis par M. Thiroux d’Espercennes.
Il est à remarquer que Mariette proclame ce marbre « un des plus
agréables morceaux que Saly fera jamais ». Or, Mariette n’est pas
bien disposé pour notre sculpteur. Nous voyons par le catalogue
de la vente de Saly que cinquante-deux charges et caricatures, des-
sinées par l'artiste à la sanguine, existaient dans ses cartons lors de
son décès. Dix-sept de ces dessins portaient la date de 1745. Singulier
passe-temps pour un pensionnaire du roi. Les dessins sont dispersés,
mais La Live de Jully a gravé à l’eau-forte les plus importants. Cette
suite manque de gaité. On y trouvera toutefois trois portraits de
Saly par lui-même, traités en charge. Dans l’un, le jeune artiste est
vu se rendant à l’Académie; dans le second, il gagne la campagne
pour dessiner; dans le troisième, il observe un modèle d’atelier. Ce
sont là jeux d’artiste, peut-être aussi loisirs de convalescent. Souve-
nons-nous du feu d’artifice inventé par Piranesi pour fêter le réta-
blissement de Saly en 1746.
Ce qui vaut plus, c’est la suite de Vases dessinés par l’artiste
en 1746, et ses compositions ayant pour sujets des monuments funé-
raires. Sans doute, les tombeaux et sarcophages ne sont pas exempts
de quelque complication. Les allégories y abondent; l’aspect géné-
ral en est lugubre. Ainsi le voulait la mode. Les squelettes ne
choquaient pas nos ancêtres. Mais Saly a fait preuve de goût, d’ingé-
niosité, d’esprit dans ces dessins qu’il a gravés lui-même. Toutefois,
ses vases sont supérieurs à ses catafalques. Ici, rien à reprendre.
Cette suite est de toute saveur. Elle dénote un esprit fertile, aisé,
1. Histoire de deux bas-reliefs. Almanach de Valenciennes et de son arrondis-
sement pour 1888. Valenciennes, Lemaître, in-12, p. 72-91.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
déposer aux archives de sa ville. Par contre, une correspondance
volumineuse échangée entre l’administration valenciennoise et Saly
a été conservée au dépôt municipal et M. Paul Foucart en a tiré une
très curieuse notice publiée en 1888 1. Mais, si intéressant que soit le
débat soulevé en 1766 au sujet des bas-reliefs non exécutés par
Saly. la pièce initiale du dossier, c’est-à-dire la lettre du 1er mai dans
laquelle nous avons puisé un si grand nombre de renseignements
biographiques sur l’artiste, est encore inédite, et son étendue ne
permet pas de la publier ici.
Saly, nous l'avons vu, vécut en Italie de 1740 à 1748. Outre
la copie de YAntinoïis que De Troy proclamait excellente et qui fut
placée au Louvre en 1750, l’artiste exécuta pendant son séjour
à Rome le buste de jeune fille acquis par M. Thiroux d’Espercennes.
Il est à remarquer que Mariette proclame ce marbre « un des plus
agréables morceaux que Saly fera jamais ». Or, Mariette n’est pas
bien disposé pour notre sculpteur. Nous voyons par le catalogue
de la vente de Saly que cinquante-deux charges et caricatures, des-
sinées par l'artiste à la sanguine, existaient dans ses cartons lors de
son décès. Dix-sept de ces dessins portaient la date de 1745. Singulier
passe-temps pour un pensionnaire du roi. Les dessins sont dispersés,
mais La Live de Jully a gravé à l’eau-forte les plus importants. Cette
suite manque de gaité. On y trouvera toutefois trois portraits de
Saly par lui-même, traités en charge. Dans l’un, le jeune artiste est
vu se rendant à l’Académie; dans le second, il gagne la campagne
pour dessiner; dans le troisième, il observe un modèle d’atelier. Ce
sont là jeux d’artiste, peut-être aussi loisirs de convalescent. Souve-
nons-nous du feu d’artifice inventé par Piranesi pour fêter le réta-
blissement de Saly en 1746.
Ce qui vaut plus, c’est la suite de Vases dessinés par l’artiste
en 1746, et ses compositions ayant pour sujets des monuments funé-
raires. Sans doute, les tombeaux et sarcophages ne sont pas exempts
de quelque complication. Les allégories y abondent; l’aspect géné-
ral en est lugubre. Ainsi le voulait la mode. Les squelettes ne
choquaient pas nos ancêtres. Mais Saly a fait preuve de goût, d’ingé-
niosité, d’esprit dans ces dessins qu’il a gravés lui-même. Toutefois,
ses vases sont supérieurs à ses catafalques. Ici, rien à reprendre.
Cette suite est de toute saveur. Elle dénote un esprit fertile, aisé,
1. Histoire de deux bas-reliefs. Almanach de Valenciennes et de son arrondis-
sement pour 1888. Valenciennes, Lemaître, in-12, p. 72-91.