Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Jouin, Henry: Jacques Saly: sculpteur du roi de Danemark
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0538

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

512

en 1771 et en 1773, deux importantes plaquettes à la fois historiques
et descriptives. La plupart des historiens parlent des groupes qui
entoureraient le piédestal de la statue. Ces groupes n’existent pas.
Saly en donne la raison :

Au mois de juin 1765, écrit-il, Frédéric V, par un trait de générosité qui seul
lui mériteroit une statue, retrancha de la composition générale les quatre groupes
que les bienfaits de ce prince m’avoient porté à y ajouter au delà des conditions
de mon contrat1.

En agissant de la sorte, Frédéric V allégeait la tâche volontaire
que s’était imposée son sculpteur.

Le profil de Saly gravé par Charles-Nicolas Cochin en 1752,
reproduit en ce siècle par le burin de Malfeson, respire le calme
et la simplicité. Le front marque la réflexion, l’œil la droiture,
les lèvres la bienveillance. Mais, plus encore que ce profil, les actes
du statuaire témoignent de sa valeur morale. Christian YII ayant
obtenu pour lui le grade de chevalier de l’ordre de Saint-Michel,
il s’empressa d’écrire à M. de Marigny combien la haute faveur dont
il était l’objet le laissait confus alors que ses « anciens », Pigalle,
Lemoyne et Coustou n’avaient pas reçu le même honneur. Instruit
du procédé de Saly, Cochin, déjà chevalier, l’en félicite dans une
lettre superbe que nous regrettons de ne pouvoir citer.

On a vu avec quelle fidélité Saly prouva son attachement à l’Aca-
démie royale de Paris. Il faisait parvenir en 1770 à ses confrères la
vigoureuse estampe de Preisler d’après son monument de Copenhague.
Sa Description de la statue de Frédéric V, parue l’année suivante, est
dédiée au marquis de Marigny. Or, en juillet 1752, Natoire, ayant
appris à Rome le prochain départ de Saly pour le Danemark, expri-
mait à Duchesne en quelle estime il tenait le sculpteur de Valen-
ciennes; il marquait son contentement de le voir apprécié par un
prince étranger, puis il ajoutait : « Tout ce que vous m’en dites
confirme tout ce que je savais déjà, mais insensiblement nous le
perdons ». Natoire s’est trompé. Saly, malgré l’éloignement, les
années et les déceptions, est resté Français.

HENRY J0UIN.

1. Description de la statue équestre, etc., 1771, in-8
 
Annotationen