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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 13.1895

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Nr. 6
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Ritter, William: Autriche et Allemagne, [1]: correspondance de l'étranger
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https://doi.org/10.11588/diglit.24666#0541

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CORRESPONDANCE DE L’ÉTRANGER

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mais qui ne suffisent pas à infirmer la règle. Et l’exemple vient de très haut.
L’empereur, qui est avant tout un soldat et un actif, ne dissimule aucunement
son peu d'intérêt pour les arts, et les partielles et intermittentes faveurs de l’archi-
duc Régnier et de l’archiduchesse Stéphanie ne sont pas suffisantes pour les faire
prospérer comme ces grands personnages pourraient le faire, dans une ville aussi
importante et d'un passé historique aussi considérable.

Rien plus, les colossaux musées du Ring, loin d’être ouverts démocratiquement
au peuple de toute espèce, ne sont ouverts qu’avec parcimonie aux gens bien mis,
et à des jours et des heures plus ou moins arbitraires dont il faut un réel effort de
mémoire pour conserver la liste, au reste souvent variable. En outre, ces musées
sont arrêtés dans leur développement par le fait qu’étant impériaux et non nationaux
ils n’osent accepter aucun don, aucun legs et ne peuvent s'accroître que de par la
volonté du souverain. On comprend ce qu'il en advient si le souverain est peu
amateur d’œuvres d’art. 11 suffit, pour se convaincre de la stagnation et de l'arrêt
complet qui en résultent, de parcourir les salles du musée de Vienne affectées
à la peinture moderne. En revanche, la Galerie de l’Académie des Beaux-Arts, qui
mériterait d’être beaucoup mieux connue puisqu’elle renferme l’un des plus beaux
Rembrandt, de magnifiques Rubens et Murillo, un bouquet admirable de portraits
vénitiens, un très rare Hans Fries, et un tableau probable Durer très curieux, ne
cesse de s’augmenter (comme elle s’est du reste formée) par la munificence de
quelques mécènes, au premier rang desquels il faut toujours citer, cela va sans dire,
le digne successeur du comte de Lamberg et le prince de Liechtenstein, dont la galerie
particulière, ouverte avec une facilité qui contraste heureusement avec l'irrégularité
arbitraire des musées impériaux, renferme, outre les plus beaux portraits de van
Dyck connus, un Léonard très énigmatique, la série de 1 Histoire de Décius, de
Rubens, et un Rembrandt tout à fait étrange, sans compter parmi les maîtres
français quelques exquis Chardin et deux amusants Meissonier.

Au Musée d’art industriel, des hommes de goût, tels que M. de Falke et son
remplaçant M. Bûcher, MM. Unger, Hecht et Ribarz, procèdent avec la meilleure
volonté du monde, mais d’une façon très circonspecte et timorée ; c’est ainsi que ce
musée, créé dans un but direct d’instruction publique, vient de reculer devant la
dépense de faire venir de Brünn la très importante exposition des œuvres de Walter
Crâne, l'esthète anglais d’une si prépondérante influence dans l’amélioration du
goût et du sentiment décoratifs des intérieurs d’outre-Manche. Vienne s'est ainsi
laissé dépasser non seulement par Brünn, mais par Prague et Lemberg. Deux
heures de chemin de fer n'étaient pas pour faire reculer les quelques artistes viennois
qui s’intéressent au mouvement préraphaélite. Organisée à Bruxelles par les soins
de M. Fernand Khnopff, l’exposition d’ensemble de l’œuvre de Walter Crâne, avant
d’arriver en Autriche, s’était promenée à Berlin et dans plusieurs villes d’Alle-
magne où elle avait été, partout, un des gros événements de l’hiver. Elle mérite
donc d’être mentionnée ici, d’autant plus que les allemands ont eu par elle la
révélation de ce sens décoratif nouveau dont, parallèlement aux préraphaélites
en Angleterre, M. Eugène Grasset s’est fait en France l’initiateur et l’apôtre.

Le Musée d’art industriel de Vienne s'est consolé d’avoir, en cette circons-
tance, manqué le coche d'une façon impardonnable, par une très complète exposition
de gravures à la manière noire, à laquelle ont surtout largement coopéré le Cabinet
des estampes de Dresde, le prince de Liechtenstein et les frères Artaria. Les planches
 
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