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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
prix. Celte espèce de Corpus des peintures de vases, qui a exigé un
énorme travail, démontre que les livres de céramique grecque ont
vu le jour surtout en France, en Allemagne et en Italie.
Nous ne parlerons pas ici des efforts actuellement faits dans
notre pays pour le maintien de sa réputation. Nous nous occuperons
de deux ouvrages qui peuvent passer pour les spécimens les plus
parfaits de ce qu’a produit l’érudition allemande dans ce domaine.
L’un, intitulé Die griechischen Meisterschalen der Blïithezeit (Les
Coupes grecques de la belle époque), paru en 1893, a pour auteur un
des meilleurs spécialistes do l’Allemagne, M. Hartwig. L’autre,
Griechische Vasenmalerei, Auswahl hervorragender Vasenbilder (La
Peinture grecque de vases, Choix de chefs-d’œuvre de peintures de
vases, Munich, 1900), est en cours de publication; le texte en est
rédigé par un archéologue fort réputé, M. Furtwaengler, conservateur
du musée de Munich ; les planches ont été exécutées par M. Reichhold,
qui ne s’est pas contenté du rôle de dessinateur, mais qui a profité
de ses études sur les originaux pour en noter avec soin tous les
détails techniques et pour en tirer souvent des observations fort
intéressantes.
I
L’ouvrage de M. U artwig a un caractère plus spécial d'érudition ;
il est fait surtout pour les archéologues, et il s’occupe seulement
des coupes peintes à Athènes pendant la période qui va de la fin du
vie siècle av. J.-C. jusqu’à l’époque de Cimon. Celui de MM. Furt-
waengler et Reichhold s’adresse à un public plus nombreux et tend
davantage à la vulgarisation; il se recommande à l’attention des
artistes et des lettrés, comme des hellénistes. Niais l’un et l’autre
livre méritent d'être signalés aux amateurs de belles choses, car
les reproductions des Meisterschalen ne sont pas moins soignées
que celles de la Vasenmalerei. Exécutées dans la grandeur des
originaux, toutes ces images donnent une idée fidèle des peintures,
et quelques-unes prennent même l’aspect de grandes fresques,
faisant revivre à nos yeux des œuvres célèbres à jamais disparues.
Nous ne doutons pas que, malgré la nécessité de réduire ici les
proportions des planches, nos lecteurs ne soient sensibles à l’énergie
farouche du Combat de Centaures, à la grâce calme de la Scène
de banquet, au sauvage enthousiasme du Dionysos dansant avec
sonthiase (en tête de cet article), à la majesté tranquille de Y Achille
assis, au réalisme du Divertissement d'éphèbes (cul-de-lampe), aux
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
prix. Celte espèce de Corpus des peintures de vases, qui a exigé un
énorme travail, démontre que les livres de céramique grecque ont
vu le jour surtout en France, en Allemagne et en Italie.
Nous ne parlerons pas ici des efforts actuellement faits dans
notre pays pour le maintien de sa réputation. Nous nous occuperons
de deux ouvrages qui peuvent passer pour les spécimens les plus
parfaits de ce qu’a produit l’érudition allemande dans ce domaine.
L’un, intitulé Die griechischen Meisterschalen der Blïithezeit (Les
Coupes grecques de la belle époque), paru en 1893, a pour auteur un
des meilleurs spécialistes do l’Allemagne, M. Hartwig. L’autre,
Griechische Vasenmalerei, Auswahl hervorragender Vasenbilder (La
Peinture grecque de vases, Choix de chefs-d’œuvre de peintures de
vases, Munich, 1900), est en cours de publication; le texte en est
rédigé par un archéologue fort réputé, M. Furtwaengler, conservateur
du musée de Munich ; les planches ont été exécutées par M. Reichhold,
qui ne s’est pas contenté du rôle de dessinateur, mais qui a profité
de ses études sur les originaux pour en noter avec soin tous les
détails techniques et pour en tirer souvent des observations fort
intéressantes.
I
L’ouvrage de M. U artwig a un caractère plus spécial d'érudition ;
il est fait surtout pour les archéologues, et il s’occupe seulement
des coupes peintes à Athènes pendant la période qui va de la fin du
vie siècle av. J.-C. jusqu’à l’époque de Cimon. Celui de MM. Furt-
waengler et Reichhold s’adresse à un public plus nombreux et tend
davantage à la vulgarisation; il se recommande à l’attention des
artistes et des lettrés, comme des hellénistes. Niais l’un et l’autre
livre méritent d'être signalés aux amateurs de belles choses, car
les reproductions des Meisterschalen ne sont pas moins soignées
que celles de la Vasenmalerei. Exécutées dans la grandeur des
originaux, toutes ces images donnent une idée fidèle des peintures,
et quelques-unes prennent même l’aspect de grandes fresques,
faisant revivre à nos yeux des œuvres célèbres à jamais disparues.
Nous ne doutons pas que, malgré la nécessité de réduire ici les
proportions des planches, nos lecteurs ne soient sensibles à l’énergie
farouche du Combat de Centaures, à la grâce calme de la Scène
de banquet, au sauvage enthousiasme du Dionysos dansant avec
sonthiase (en tête de cet article), à la majesté tranquille de Y Achille
assis, au réalisme du Divertissement d'éphèbes (cul-de-lampe), aux