Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 27.1902)

L’ÉGLISE DE NEUILLY-SUR-MARNE

ou trois siècles. Le temps use tout. L’architecture gothique est, il
est vrai, par sa hardiesse, plus exposée qu’une autre à subir son
action destructive ; cependant, il aurait eu également raison de
l’architecture antique, quand même les Barbares ne lui auraient
pas apporté le concours du fer et du feu. EL puis, il faut reconnaître
qu’il se montre beaucoup plus clément envers l'Orient qu’envers
l’Occident. A Saint-Jean des Vignes de Soissons, nous avons vu
disparaître, d’un printemps à l’autre, certaines feuilles des chapi-
teaux du portail. La gelée d’un hiver rigoureux les avait détachées
de leur tige, comme elle avait tue les feuilles naturelles des plantes
qui croissent sur ces ruines. Donc, si nos monuments gothiques ont
périclité, et si la plupart ont été déjà l’objet de prétendues restau-
rations qui les ont défigurés, c'est à nous-mêmes qu’il faut nous en
prendre, à nous qui les avons si longtemps abandonnés aux caprices

L’église de Neuilly-sur-Marne est peu
connue et n’a pas été classée parmi les monu-
ments historiques. Il est vrai qu’elle a subi
quelques réparations malheureuses ; mais
quels sont donc les édifices religieux du
moyen âge qui subsistent aujourd’hui sans
qu'une main ignorante ou grossière leur
ait laissé son empreinte ? Les églises restées
absolument intactes sont bien rares, et, le
plus souvent, elles menacent ruine; non
pas parce que le système de construction
était défectueux, mais par suite de l’abandon
dans lequel on les a laissées pendant deux

XXVII.

3e p .s Rions.

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