Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 27.1902)

LES PEINTURES DE TIEPOLO

A LA VILLA GIROLA

obsqee, le 27 mars 1770, Giovanni
Battista Tiepolo, alors âgé de
soixante-quatorze ans, mourut
subitement, loin de sa patrie,
sa gloire déjà semblait à jamais

consacrée. Les amateurs comme les
artistes de tous les pays, de l’Espagne
à l’Allemagne, de laRussicà laFrance,
avaient appris à estimer et à recher-
cher ses œuvres. La réputation du
maître vénitien, cependant, eut quel-
que peu à souffrir du réveil du clas-

sicisme, de la vogue de Limitation et du faux dramatique. On ne
se plaisait point alors à la représentation de la vie joyeuse, ni
à l’expression des sentiments préférés du grand Vénitien et de
ses contemporains français. Mais cette froide conception de l’art
dura peu, et quand arriva la bienfaisante réaction on revint vite
à Tiepolo. Toutefois, il y avait trop de préjugés à combattre et un
courant trop violent à remonter pour qu’on lui rendit tout de suite
pleine justice. L’heure de la réparation se fit un peu attendre, mais
elle vint sûrement. Rien qu’aujourd’hui encore il n’existe aucun
livre d’ensemble sur l’œuvre de Tiepolo, un certain nombre d’études
partielles ont été écrites sur le maître, et ce n'est pas d’ailleurs un
des moindres titres de gloire des écrivains français de l’art que
d’avoir, depuis un quart de siècle, contribué à mieux faire connaître
l’œuvre du Vénitien. Les travaux de Paul Leroi ont été suivis en
Italie par les recherches d’Urbain de Gheltof et les études à la fois
poétiques et savantes de Pompeo Molmenti. Chaque année presque