Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Pér. 27.1902)

HENRY MONNIER

ET

JOSEPH P RU D HO MME

A feuilleter aujourd’hui les
premières lithographies dessinées
par Henry Monnier, on reste sur-
pris, il faut l’avouer, du succès
qui, dès leur apparition, les ac-
cueillit. Monnier s’était évadé de
son bureau du ministère de la
Justice pour entrer à l’Ecole des
Beaux-Arts, et ses productions
furent, quelque temps, emprein-
tes de la moquerie un peu gri-
maçante d’un employé et de la
timidité d’un récent élève de
Girodet. Mais, sans insister sur
les imperfections de ces œuvres
de début, il vaut mieux constater
qu’elles révélaient déjà des dons d’observation exceptionnels, appli-
qués au genre qui leur convenait le mieux et que l’on pourrait
appeler, plutôt que la caricature, la peinture de mœurs. Les anciens
compagnons et les anciens chefs de 1’ « ex-surnuméraire » furent ses
premiers modèles. Il avait eu, malgré lui, le loisir de les étudier, et
quelques planches de l’album des Mœurs administratives, paru en
18281, nous retiennent par l’accent de vérité acerbe avec lequel sont
reproduites les physionomies d’un « expéditionnaire » ou d'un garçon
de bureau. L’ensemble pèche d’ailleurs par la maladresse de la
composition et par le dessin, qui est hésitant et manque de couleur.

]. En 1827 avaient paru les Mœurs parisiennes.

XXVII. — 3e PÉRIODE.

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