2 2
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Combat de Cadmos contre le Dragon, en sont de mémorables exemples1.
On a reproché à M. Hartwig2 d’avoir exagéré l’importance des
coupes et de n’avoir pas montré, à côté de cette fabrication, le déve-
loppement parallèle des grands vases, amphores et cratères. Mais,
puisque l’auteur a choisi ce sujet spécial, peut-être y aurait-il mau-
vaise grâce à lui reprocher de ne pas avoir traité ce qui était en
dehors ou à côté. Il n’a pas eu l’intention d’embrasser l’histoire
complète de la céramique, et, en s’enfermant strictement dans un
chapitre de cette histoire, il n’a fait qu’user de son droit.
Pour ma part, j’exprimerais un autre regret. Ce qui rend la
composition un peu flottante, c'est que les Meisterschalen sont plus
une publication d’inédits qu’une étude complète des coupes de
la belle époque. L’auteur s’est imposé un grand travail, en recher-
chant dans les musées d’Europe tous les spécimens signés, ou attri-
buables à un artiste connu, qui avaient passé inaperçus. 11 a fait
ainsi une ample et féconde moisson, qui a considérablement enrichi
notre bagage scientifique. Mais il a été amené naturellement à
s’occuper surtout de ces inédits, à les décrire et à les analyser en
détail, tandis qu’il procède par simple allusion ou par comparaison
pour nous parler des vases déjà publiés. Or, parmi ceux-ci, se trou-
vent des œuvres tout à fait considérables, qui dans un recueil de
Meisterschalen devraient être mises au premier plan. Si l’auteur les
étudie, c’est comme en passant et pour étayer ses démonstrations, et
il en résulte quelque déception pour le lecteur, qui, en ouvrant ce
gros livre, s’attend à un exposé plus complet du sujet.
Cette réserve faite, comment ne pas reconnaître que si nous
pouvons parler aujourd’hui avec quelque sûreté de Chachrylion,
d’Onésimos, de Phintias, d’Oltos, de Peithinos, de tant de chefs de
fabriques importantes, nous le devons surtout à M. Hartwig? Nous
n’avions guère d’idées nettes que sur les « têtes de ligne », Ando-
kidès, Nicosthènes, Epiktétos, puis sur les quatre grands maîtres
du ve siècle, Euphronios, Douris, Hiéron et Brygos. Actuellement,
nous pouvons grouper autour de ces centres d’autres ateliers, qui
ont joué un rôle peut-être secondaire, mais néanmoins décisif dans
l’évolution du style attique. Après les groupes, nous établissons des
sous-groupes. Peu à peu se forme une histoire de la peinture grecque,
au tournant du vie et du ve siècle avant notre ère, qui aura un jour
des contours arrêtés et une classification précise, comme l’histoire
1. Yoy. Murray et A. Smith, White Athenian Vases. Londres, 1 896, pl. 15 à 19.
2. Philologische Wochenschrift, 1894, p. 112 (art. de M. Furtwaengler).
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
Combat de Cadmos contre le Dragon, en sont de mémorables exemples1.
On a reproché à M. Hartwig2 d’avoir exagéré l’importance des
coupes et de n’avoir pas montré, à côté de cette fabrication, le déve-
loppement parallèle des grands vases, amphores et cratères. Mais,
puisque l’auteur a choisi ce sujet spécial, peut-être y aurait-il mau-
vaise grâce à lui reprocher de ne pas avoir traité ce qui était en
dehors ou à côté. Il n’a pas eu l’intention d’embrasser l’histoire
complète de la céramique, et, en s’enfermant strictement dans un
chapitre de cette histoire, il n’a fait qu’user de son droit.
Pour ma part, j’exprimerais un autre regret. Ce qui rend la
composition un peu flottante, c'est que les Meisterschalen sont plus
une publication d’inédits qu’une étude complète des coupes de
la belle époque. L’auteur s’est imposé un grand travail, en recher-
chant dans les musées d’Europe tous les spécimens signés, ou attri-
buables à un artiste connu, qui avaient passé inaperçus. 11 a fait
ainsi une ample et féconde moisson, qui a considérablement enrichi
notre bagage scientifique. Mais il a été amené naturellement à
s’occuper surtout de ces inédits, à les décrire et à les analyser en
détail, tandis qu’il procède par simple allusion ou par comparaison
pour nous parler des vases déjà publiés. Or, parmi ceux-ci, se trou-
vent des œuvres tout à fait considérables, qui dans un recueil de
Meisterschalen devraient être mises au premier plan. Si l’auteur les
étudie, c’est comme en passant et pour étayer ses démonstrations, et
il en résulte quelque déception pour le lecteur, qui, en ouvrant ce
gros livre, s’attend à un exposé plus complet du sujet.
Cette réserve faite, comment ne pas reconnaître que si nous
pouvons parler aujourd’hui avec quelque sûreté de Chachrylion,
d’Onésimos, de Phintias, d’Oltos, de Peithinos, de tant de chefs de
fabriques importantes, nous le devons surtout à M. Hartwig? Nous
n’avions guère d’idées nettes que sur les « têtes de ligne », Ando-
kidès, Nicosthènes, Epiktétos, puis sur les quatre grands maîtres
du ve siècle, Euphronios, Douris, Hiéron et Brygos. Actuellement,
nous pouvons grouper autour de ces centres d’autres ateliers, qui
ont joué un rôle peut-être secondaire, mais néanmoins décisif dans
l’évolution du style attique. Après les groupes, nous établissons des
sous-groupes. Peu à peu se forme une histoire de la peinture grecque,
au tournant du vie et du ve siècle avant notre ère, qui aura un jour
des contours arrêtés et une classification précise, comme l’histoire
1. Yoy. Murray et A. Smith, White Athenian Vases. Londres, 1 896, pl. 15 à 19.
2. Philologische Wochenschrift, 1894, p. 112 (art. de M. Furtwaengler).